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Libération

Des stéréotypes de genre jusque dans les cris de bébés

Publié le 27/04/2016 à 20h01

Les stéréotypes de genre s'incrustent jusque dans les berceaux : dans des travaux rendus publics mi-avril, une équipe de chercheurs français a démontré que les adultes ont tendance à penser (à tort) que les cris de nourrissons de sexe féminin sont plus aigus que ceux des garçons. Donc à lier gravité de la voix et masculinité. «Les adultes utilisent ce qu'ils connaissent des voix humaines après la puberté - les voix d'hommes sont en moyenne plus graves que les voix de femmes - et l'appliquent aux bébés, qui pourtant échappent à cette règle», explique l'équipe de l'institut des neurosciences Paris-Saclay.

Pour arriver à ce constat, les chercheurs ont commencé par enregistrer les pleurs de 28 bébés âgés de 4 mois. En les décortiquant (les pleurs, pas les bébés), ils sont arrivés au constat qu'il n'était «pas possible de distinguer filles et garçons sur la base de la hauteur des pleurs». Pourtant, en faisant écouter les enregistrements à des parents, ceux-ci pensaient que les cris les plus aigus étaient ceux de petites filles, et les plus graves, de petits garçons.

Dans une deuxième expérience, les chercheurs ont présenté deux groupes d’enregistrements : l’un désigné comme celui des cris de filles, et l’autre, celui des cris de garçons ; chacun mêlant cris graves et aigus. Sans surprise, les soi-disant filles aux cris les plus aigus étaient envisagées comme les plus féminines.

La dernière expérimentation, un brin inquiétante, visait à savoir comment ces adultes interprétaient ces cris. En faisant écouter à un groupe d'hommes des braillements présentés comme ceux de filles et d'autres comme ceux de garçons, il s'est avéré qu'ils pensaient que les vociférations masculines traduisaient davantage d'inconfort. Et que donc, peut-être que les filles chouinent un peu pour rien. «Il est possible que nous passions parfois à côté du besoin réel des bébés», concluent les chercheurs. De quoi avoir soi-même envie de s'époumoner.