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Libération

Synagogue transformée en mosquée : du «bon sens» pour les uns, «scandaleux» pour les autres

ParStéphanie Harounyan
(à Marseille)
Publié le 27/04/2016 à 20h31

Une «première à Marseille», qui fait du bruit. Mardi, la Provence annonçait que les responsables de la synagogue Or Torah avaient signé un compromis de vente pour céder le bâtiment à une association musulmane qui gère une mosquée voisine trop petite pour les nombreux fidèles qui la fréquentent. La synagogue, construite lors de l'arrivée de juifs d'Algérie en 1962 et pouvant accueillir 250 personnes, était très peu fréquentée, la communauté juive s'étant déplacée.

Une question d'adaptation aux besoins, assure Zvi Ammar, le président du consistoire de Marseille. D'un côté, un lieu de culte délaissé dont l'entretien coûte cher, de l'autre, un fort besoin de place. «Une simple question de bon sens», répétait mardi Moussa Koité. Pour le responsable de la mosquée Bilal, située non loin de la synagogue, «ce n'est qu'une transaction commerciale. Une mosquée, c'est un bâtiment. Une synagogue, c'est un bâtiment», souligne-t-il, sans évacuer la dimension symbolique.

Au-delà de ce cas, la question du nombre de lieu de cultes musulmans est en jeu : 5 000 places manquent, selon les responsables religieux locaux. «Il faut que cette transaction fasse école […] et pas qu'à Marseille, poursuit Koité. Il y a un an, Dalil Boubakeur [le recteur de la Grande Mosquée de Paris, ndlr] avait parlé de la possibilité pour la communauté chrétienne de vendre des églises non utilisées, ça avait fait un tollé. Mais il y a 7 à 8 millions de musulmans en France, ils doivent disposer de lieux pour prier.»

Si les responsables religieux s'accordent pour dire que cette histoire n'en est pas une, le standard du consistoire a reçu mardi une dizaine d'appels indignés. «La plupart nous ont dit qu'ils trouvaient scandaleux que l'on puisse vendre un bien sacré, raconte la standardiste. Sans surprise, le FN a ouvert les hostilités. «L'histoire nous apprend que ces transformations sont rarement innocentes», assure Bertrand Dutheil de la Rochère, conseiller de Marine Le Pen, comparant l'histoire de la synagogue à celle de l'église Sainte Sophie de Constantinople, devenue mosquée en 1453 après la prise de la ville par les Ottomans…