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Libération

Le Pen père parasite le 1er mai de Le Pen fille

Publié le 01/05/2016 à 20h21

Pour la deuxième année consécutive, Jean-Marie Le Pen aura donc réussi à perturber le 1er mai du Front national. Huit mois après son exclusion, et alors que le parti a transformé son traditionnel défilé en «banquet patriote» porte de la Villette, l'eurodéputé organisait dimanche matin son propre rassemblement, place des Pyramides, à Paris.

«Décapitation». Seules 400 personnes ont répondu à l'appel, dont plusieurs représentants de l'extrême droite la plus radicale. Un échec militant éclipsé par cette surprise : malgré l'interdit posé par la direction du FN, pas moins de trois eurodéputés se sont affichés en compagnie de Jean-Marie Le Pen. Bruno Gollnisch, Mireille d'Ornano, Marie-Christine Arnautu : trois fidèles du «Vieux», tous élus sur sa liste aux européennes de 2014. Jean-Marie Le Pen a renouvelé devant eux ses virulentes attaques contre le FN mariniste. Comparant son exclusion à la «décapitation de Louis XVI par les révolutionnaires», l'orateur a aussi fustigé la stratégie menée par sa fille : «La diabolisation du FN était tout à son honneur. […] Il n'y a pour le FN qu'une voie : l'opposition au système.» L'ex-président frontiste a enfin jugé que sa fille serait «battue au second tour de la présidentielle et peut-être même au premier», sous les applaudissements du public. Leur petite visite pourrait coûter cher aux trois élus du FN - d'autant qu'Arnautu figure parmi les cinq vice-présidents du parti. «Si des cadres se rendent [à ce rassemblement ndlr], ce sera un acte d'hostilité. Donc ils passeront en commission de discipline», avait prévenu dès vendredi Florian Philippot.

Hangar. Dimanche, plusieurs responsables fustigeaient leurs camarades. «Ils n'ont plus rien à faire au FN», déclarait ainsi Steeve Briois, un autre vice-président. Le sujet devrait être débattu ce lundi lors d'un bureau politique. En attendant, le parti a inauguré dimanche sa nouvelle formule d'hommage à Jeanne d'Arc. Officiellement destinée à garantir la sécurité, celle-ci devait surtout limiter les risques pour l'image du parti. Regroupés dans un hangar du nord-est parisien, 2 000 cadres et militants ont déjeuné avec Marine Le Pen. «Comment la France serait-elle apaisée quand elle reçoit chaque année autant d'étrangers ? Nous n'avons rien à leur offrir», leur a-t-elle lancé, en guise de dessert.