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Libération
Du rififi au FN

C'est la purge finale au Front national

Trois eurodéputés, dont deux cadres historiques du mouvement, Bruno Gollnisch et Marie-Christine Arnautu, sont invités à démissionner pour avoir bravé la direction du parti, dimanche, en assistant à un meeting organisé par Jean-Marie Le Pen.

Le clan frontiste à l'heure de l'entente cordiale, en septembre 2014, au Parlement européen. Marine Le Pen, entourée de Louis Aliot (à g.) et Florian Philippot (à dr.), debout, et, assis, Marie-Christine Arnautu, Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch. (Photo Patrick Hertzog. AFP)
Publié le 02/05/2016 à 17h34

«Il faut purger le mouvement», avait lancé Steeve Briois. Le vice-président du FN a été entendu : coupables d'avoir participé dimanche à un rassemblement organisé par Jean-Marie Le Pen, les eurodéputés Bruno Gollnisch et Marie-Christine Arnautu se sont vu prier, lundi, de démissionner des instances dirigeantes du parti d'extrême droite. Tous deux sont membres du bureau politique, une assemblée de 42 membres ; depuis 2011, Marie-Christine Arnautu est en outre vice-présidente du FN et membre du bureau exécutif qui regroupe les neuf plus hauts dirigeants frontistes. Une troisième eurodéputée, Mireille d'Ornano, avait elle aussi participé au rassemblement visé, mais n'est membre d'aucune de ces instances.

«Calcul de sot»

Dimanche, tous trois avaient bravé les consignes de leur parti et s'étaient présentés place des Pyramides, à Paris, pour assister au meeting de Jean-Marie Le Pen en hommage à Jeanne d'Arc. Devant 400 de ses partisans, dont des représentants de l'extrême droite la plus radicale, Jean-Marie Le Pen avait renouvelé ses attaques contre le FN mariniste, comparant son exclusion à la «décapitation de Louis XVI par les révolutionnaires», évoquant la «dédiabolisation» comme un «calcul de naïf, de sot ou de traître», ou jugeant encore que sa fille serait «battue au second tour de la présidentielle, et peut-être même au premier». Si Marie-Christine Arnautu a justifié sa visite par des liens personnels avec l'orateur, Bruno Gollnisch a quant à lui revendiqué une «fidélité politique» envers Jean-Marie Le Pen.

Contactée par l'AFP, Marie-Christine Arnautu a toutefois affirmé qu'elle ne «démissionnerait pas» : «Accepter de démissionner, ce serait reconnaître que j'ai eu une attitude hostile au FN comme ils le croient. […] Il va falloir qu'ils m'excluent, ça va être toute une procédure disciplinaire à la Jean-Marie Le Pen.» Evincé du Front national en août, ce dernier a déjà remporté plusieurs victoires judiciaires contre son ancien mouvement, et attend de la justice qu'elle l'y réintègre. Quant à Bruno Gollnisch, il a indiqué qu'il allait «réfléchir», et annoncé une décision , «sans doute la semaine prochaine».

Candidat malheureux

Marie-Christine Arnautu et Bruno Gollnisch sont tous deux des cadres historiques du Front national. La première fut dans les années 70 salariée de la Société d’études et de relations publiques (Serp), l’entreprise d’édition phonographique de Jean-Marie Le Pen ; quant au second, il a été député du Rhône entre 1986 et 1988, puis secrétaire général du parti et enfin vice-président jusqu’en 2011. Candidat malheureux à la succession de Jean-Marie Le Pen, il avait alors recueilli un tiers des voix contre Marine Le Pen. Avec eux, ce sont deux des derniers amis du «Vieux» qui quitteraient les instances dirigeantes du parti.