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Droit de suite

Accusée de censure, la mairie d'Argenteuil se mure dans le silence

Après la déprogrammation de deux films, l'un sur le mariage pour tous, l'autre sur la Palestine, dans un cinéma municipal d'Argenteuil, des associations demandent sans succès que le maire LR revienne sur sa décision.

Photomontage réalisé par l'ADCI pour dénoncer la déprogrammation du film «la Sociologue et l'Ourson» à Argenteuil. (Photomontage ADCI)
Publié le 03/05/2016 à 19h09

Les jours passent, mais rien ne vient : des associations de défense du cinéma indépendant et de la Palestine d’Argenteuil (Val d’Oise) n’ont toujours pas obtenu de la mairie de la ville qu’elle reprogramme deux films, dont la projection dans un cinéma municipal de la ville a été annulée voilà deux semaines.

Rappel des faits : l'Association pour la défense du cinéma indépendant (ADCI), qui organise chaque mois des projections/débats de films d'art et d'essai, devait projeter La Sociologue et l'ourson, d'Etienne Chaillou et Mathias Théry, un documentaire qui revient sur les débats autour du mariage pour tous, le 27 mai au cinéma municipal le Figuier blanc. Quant à l'association Argenteuil Solidarité Palestine, elle avait prévu de montrer le film palestinien 3000 Nuits dans le même cinéma, le 2 juin, dans le cadre du Festival ciné-Palestine. Mais toutes deux ont appris par la directrice du cinéma que sur demande du cabinet du maire, Georges Mothron (LR), leurs films ne seraient finalement pas projetés. Et ce, sans raison explicite.

Depuis, «nous n'avons aucune réaction de la mairie, qui bloque tous les moyens de communication avec les Argenteuillais comme avec la presse», a dénoncé, lors d'une conférence de presse organisée devant l'hôtel de ville ce mardi, René Beretz, coprésident de l'ADCI. De fait, pour toute explication, Georges Mothron s'est contenté d'expliquer au Parisien«La décision est motivée par le fait qu'en ces temps troublés, des sujets tels que ceux-là peuvent rapidement mettre le feu aux poudres dans une ville comme Argenteuil.»

Mais «si ces films sont susceptibles de troubler l'ordre public, c'est à lui d'en faire la démonstration», a dit ce mardi Omar Slaouti, d'Argenteuil Solidarité Palestine. Et «que peut-on imaginer que le maire craigne de ces débats ?» s'est interrogée Élise Languin, de la même association. Dans les esprits demeure le souvenir que lors de sa campagne pour reconquérir la mairie en 2014 après l'avoir perdue en 2008, Georges Mothron avait insisté sur le mariage pour tous, tout comme un membre du Parti chrétien démocrate nommé Franck Debeaud, depuis devenu son délégué à la culture.

Mohamed Nemri, président de l'Association des travailleurs maghrébins de France d'Argenteuil, se souvient également qu'en octobre 2015, le maire avait demandé le retrait de quatre panneaux de l'exposition «Ceux qui marchent encore», commémoration de la marche pour la dignité de 1983, présentée dans les murs de l'hôtel de ville.

En l’absence de réponse de la mairie, les associations appellent à un rassemblement devant l’Hôtel de ville d’Argenteuil le samedi 7 mai à 15 heures, et affichent leur intention de projeter les films en plein air si le programme prévu n’est pas rétabli.