Il est temps ! Après de longs mois de potion amère infligée à la pauvre gauche, qui n’en finit pas de tousser et d’avaler de travers, l’exécutif et le PS se sont décidés à lui parler. Cette rectification de cap, ce rappel aux valeurs de la famille progressiste, s’ils arrivent tard, sont d’autant plus nécessaires. Quelques stratèges en chambre obscure avaient sans doute vanté outre mesure les vertus électorales de la triangulation, qui consiste à faire la politique de l’adversaire pour le priver d’air. Las ! C’est la gauche qui s’est étouffée. On veut étendre son assise idéologique ? C’est parfois nécessaire pour gagner une élection. Mais pour élargir sa base, il faut d’abord en avoir une. Sous le coup de mesures contestables ou maladroites, comme la déchéance de nationalité ou la première version de la loi El Khomri, cette base menaçait de tomber en poussière. François Hollande prend donc son bâton de pèlerin pour rappeler qu’il y a dans son bilan un certain nombre de mesures de gauche. La chose est incontestable. Il y manque certes quelques grandes réformes qui puissent marquer la mémoire de la gauche, à l’instar des réalisations du Front populaire, de la première présidence Mitterrand ou du mandat
Jospin. Que ne les a-t-on prises en début de quinquennat ! Mais enfin, malgré la tâche de redressement économique à laquelle les socialistes se sont attelés dès la victoire, et qui a fini par éclipser tout le reste en désorientant la gauche, elles existent. Rien de spectaculaire, mais une myriade de changements modestes qui finissent par composer, sinon une politique enthousiasmante, du moins une panoplie d’avancées utiles. Sera-ce suffisant ? Rien n’est moins sûr. Pour retrouver un peu d’adhésion, le président est talonné par le calendrier. Mais il n’est pas toujours nécessaire d’espérer pour entreprendre…