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Libération
édito

Salaire monstre de Carlos Ghosn : merci qui ?

Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, et le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, en septembre. (Photo Charly Triballeau. AFP)
publié le 3 mai 2016 à 20h01

Gonflé, Macron. Mardi à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Economie s'est énervé contre la direction de Renault. Lors de l'assemblée générale du constructeur, quatre jours plus tôt, les actionnaires se sont prononcés contre les 7,2 millions d'euros de rémunération accordés en 2015 au PDG Carlos Ghosn. Devant les députés, Emmanuel Macron a menacé de légiférer si le conseil d'administration ne «tirait pas les conséquences de ce vote». Certes, l'Etat-actionnaire a voté contre le montant des émoluments du tout puissant patron lors de l'assemblée générale. Mais la réaction du ministre est étonnante, sachant que le même Etat a abandonné son droit de vote double, privilège accordé aux actionnaires fidèles, à l'occasion de cette même assemblée générale. Il a en effet accepté que ce droit ne s'exerce pas pour les choix non stratégiques, ce qui inclut la question de la rémunération des dirigeants. Ainsi, l'Etat clame son opposition à ce salaire, menace de légiférer et, dans le même temps, accepte des règles ne lui permettant plus de contrôler cette rémunération. Où est la cohérence ?

Autre point : le salaire de Carlos Ghosn est gavé d’actions gratuites soumises à performance, moins taxées que les stock-options. Une loi récente en a d’ailleurs allégé les conditions d’acquisition et de revente. Le texte, voté l’été dernier, est bien connu sous le nom de… loi Macron. Merci qui ?