François Hollande apprécie à l’évidence les courses à handicap. On ne sait pas encore si le chef de l’Etat sera candidat à sa propre succession en 2017. Mi-avril, il avait seulement confié qu’il officialiserait son intention à la fin de l’année. Surtout, il avait alors réaffirmé la conditionner à ce qui, depuis plusieurs, mois ressemble à un engagement couperet : l’inversion de la courbe du chômage. La condition est déjà forte, même si les bons résultats enregistrés sur le front de l’emploi en mars autorisent l’espoir.
Néanmoins, François Hollande semble lucide sur le fait que même si cette condition pour candidater finissait par être remplie, la victoire ne serait pas dans la poche pour autant. C’est en tout cas une des perles à découvrir dans «l’Elysée selon Hollande» (éd. l’Archipel) ouvrage à paraître mercredi. Le journaliste de l’AFP, Hervé Asquin, y rend compte des confidences du chef de l’Etat lors des moments forts de ce quinquennat, du limogeage de certains ministres et conseillers aux attentats de Paris.
«Confiance»
François Hollande n'en oublie pourtant jamais que son temps est compté. Qu'il lui faut donc préparer la suite, plus exactement sa réélection. Pour ce faire, le chef de l'Etat a étudié de très près la corrélation entre croissance économique et victoire électorale. A ses yeux, la clé est là : «Je l'ai toujours dit, confie-t-il à Asquin. Quels que soient les succès sur le plan international, européen ou même national : la lutte contre les attentats, la sécurité… S'il n'y a pas de résultats économiques probants – non pas fugaces ou éphémères mais durables –, la relation avec les Français sera peut-être apaisée et sympathique mais elle ne sera pas une relation de confiance justifiant une candidature.»
Nécessaire, la condition n'est pas pour autant suffisante, précise Hollande : «Il n'est pas possible d'être candidat si le chômage augmente mais il est possible de ne pas être élu même si le chômage a diminué.» En d'autres termes, «le sujet du chômage, qui est le plus important, peut qualifier, peut disqualifier mais ne peut à lui seul permettre l'élection». Alors quoi, dira-t-on ? Selon Hollande, «la conjoncture immédiate, l'ambiance, la confiance sont déterminantes».
«Précarité»
Emporter un scrutin serait donc aussi une affaire de très court terme : «Quand bien même il y aurait une baisse continue du chômage en 2016 et dans les premiers mois de 2017, précise Hollande, et même si l'on constate que, oui, la courbe du chômage s'est inversée, si, début 2017, l'ambiance est morose, c'est foutu.»
Diable ! Fort heureusement, l'inverse serait tout aussi vrai : «Si le chômage a reculé, même insuffisamment, mais que les Français ont le sentiment que la croissance a repris dans leur entreprise, que leur pouvoir d'achat s'améliore ou que leur enfant a trouvé du travail et n'est plus dans la précarité, alors ce sentiment, cette ambiance pourrait être beaucoup plus forte que les statistiques.» A cette aune, on comprend que François Hollande entende retarder autant que possible son choix de candidater ou pas en 2017. Rien de plus changeant qu'une atmosphère…