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Communication

Manuel Valls veut dialoguer avec les Français pour se «mettre en mouvement»

Coincé entre sa loyauté avec Hollande et la mise «en marche» d'Emmanuel Macron, le Premier ministre prévoit six rencontres avec les citoyens en deux mois, sous la forme de meetings new-look.

Manuel Valls pose pour un selfie sur l'avenue des Champs-Elysées, ce dimanche. (Photo Lionel Bonaventure. AFP)
Publié le 08/05/2016 à 17h50

Des fourmis dans les jambes. Alors que la majorité déborde d'initiatives printanières pour ripoliner le bilan du gouvernement, Manuel Valls ne pouvait pas rester engoncé derrière son bureau de Matignon sans rien faire. Quand certains se mettent «en marche», le Premier ministre a, lui, décidé de prendre la route. Le 18 mai, il se lance dans un roadshow étalé sur deux mois qui sera ponctué de six «rencontres avec les Français», jusqu'à la mi-juillet, un temps politique prisé des «vallsistes» pour organiser des mini-démonstrations de force depuis 2012. Avant cela et malgré un agenda international surchargé, le chef du gouvernement va prendre le temps du «dialogue» avec la gauche.

Pas vraiment des réunions d'appartement – 400 personnes sont annoncées pour la première, à Evry (Essonne), son fief – ni des meetings en bonne et due forme. Un truc nouveau. «Un truc en direct avec ce qui fait sa spécificité : la spontanéité», défend le député de l'Essonne et chef de file des vallsistes, Carlos da Silva pour qui «il s'agit que Valls refasse du Valls». Dans chacune de ses (très nombreuses) apparitions dans les médias, le Premier ministre flingue de plus en plus durement les frondeurs socialistes. Celui qui reconnaît lui-même avoir le «sang chaud» attend donc, dixit Da Silva, «tous ceux qui à gauche ne sont pas contents, ont des interrogations, des doutes, des critiques» à ces séances de thérapie de groupe.

«Hé ho j’existe»

Après le dîner du 8 avril, où intellectuels et hauts fonctionnaires avaient été conviés à Matignon pour «réfléchir» à la suite pour le chef du gouvernement, ce roadshow doit permettre à Manuel Valls de défendre l'action collective, tout en mettant en avant ses propres idées. «Un plaidoyer pro domo, certes, mais au sens de maison commune», précise illico Pascal Popelin, autre membre du premier cercle, dans l'espoir de tuer tout procès en trahison présidentielle.

A Evry, il sera question d'éducation, de jeunesse et d'avenir. Ensuite, Valls planchera sur l'innovation et la technologie puis sur la culture. De quoi étoffer le personnage, au cas où. Avant que la primaire à droite ne monopolise toute l'attention médiatique et que les meilleurs résultats économiques, s'ils se confirment, ne soient mis au crédit exclusif de François Hollande. Le tout sans créer de schisme au sein de la majorité à la manière d'un Emmanuel Macron lançant sa boutique politique personnelle. «Leur truc c'est "hé ho j'existe"», tacle un ténor de la majorité, reprenant le slogan du mouvement lancé par les proches du Président.

«Maturation»

«Les Français connaissent peu Manuel Valls autrement qu'en super-chef du régalien, or il a des choses à dire sur tout le reste», défend Da Silva. Il faut qu'il «montre ce qu'il a vraiment dans le ventre, qu'il cogne, qu'il fasse bouger les lignes et la gauche», estime un autre proche. Mais quand Manuel Valls parle de «clarification» à gauche, le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, lui rétorque préférer la «qualification» pour 2017. En clair, jouer l'union de la gauche plutôt qu'avec le centre.

Que le Premier ministre soit en appui ou en solo, le hiatus perdure depuis son arrivée à Matignon il y a deux ans. Aujourd'hui, «on est dans un moment important dans la vie de Valls, analyse Malek Boutih, député de l'Essonne. Ce qu'on prépare n'est pas un truc brutal, une sortie de route ou un virage. C'est une maturation, une mise en mouvement politique». C'est dit.