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Libération
Internet n'oublie rien

Cette époque où Denis Baupin s'engageait pour les droits des femmes

Harcèlement, levons l'omertadossier
Accusé de harcèlement et d'agression sexuelle, le député écologiste s'était plusieurs fois engagé contre le sexisme ou les violences faites aux femmes, des messages exhumés par les internautes après les révélations de «Mediapart» et France Inter ce lundi.
publié le 9 mai 2016 à 17h46

«Mettez du rouge contre les violences faites aux femmes.» Ce message, accompagné d'une photo où il pose avec du rouge à lèvres à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2016, a contribué à libérer la parole d'élues écologistes. Quatre d'entre elles accusent ce lundi le député de Paris Denis Baupin, qui a quitté Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) le 18 avril dernier, de harcèlement et agression sexuelle. Des accusations, révélées par Mediapart et France Inter  et accusées de «mensongères» et «diffamatoires» par le principal intéressé, qui a toutefois présenté sa démission du poste de vice-président de l'Assemblée nationale.

Utilisateur actif de Twitter (avec près de près de 70 000 messages à son actif), Denis Baupin a pris position plusieurs fois sur le réseau social en faveur des droits des femmes. Depuis ce lundi matin, plusieurs de ses tweets ont refait surface, exhumés par des internautes qui dénoncent un possible double-discours du député, comme le soulignent plusieurs médias, dont les Inrocks. La publication, le 8 mars dernier, d'une photo où le député pose avec d'autres élus pour l'opération #MettezDuRouge a été «un électrochoc» explique d'ailleurs Sandrine Rousseau, porte-parole du parti Europe Écologie-Les Verts. C'est également cette image (accompagnée d'une deuxième sur le même thème) qui a poussé Elen Debost, adjointe au maire du Mans, à témoigner, raconte l'élue dans le Parisien.

Les années précédentes, Denis Baupin avait déjà relayé des messages contre les violences faites aux femmes, comme ici en 2013 ou là, dès 2011. Pendant l'affaire DSK, le député, en plus d'une blague de mauvais goût (on évitera de la relayer ici), avait pris la défense de Nafissatou Diallo, exhortant l'ancien directeur du Fonds monétaire international à lui présenter ses excuses.

Plusieurs fois, Denis Baupin, habitué des live-tweets depuis les rangs de l'Assemblée, s'était félicité de l'adoption de textes en faveur des droits des femmes, comme la loi sur l'égalité femmes-hommes en 2014, ou contre le harcèlement sexuel, en 2012.

Le désormais ex-président de l'Assemblée nationale avait aussi pour habitude d'attaquer ses adversaires politiques sur le terrain de l'égalité femmes-hommes. Il s'était ainsi indigné du tweet sexiste d'un conseiller municipal UMP contre Najat Vallaud-Belkacem, après sa nomination au ministère de l'Education, le qualifiant d'«odieux», ou avait dénoncé les attaques sexistes de l'opposition contre Cécile Duflot.

En 2013, il reprochait également l'absence de parité dans les rangs de l'opposition à l'Assemblée nationale.

... ou prennait la défense de la députée Véronique Massonneau, interrompue dans l’hémicycle par des cris de poule venant d’un député UMP.

Véronique Massonneau : "le sexisme doit être considéré comme un délit" http://t.co/OIOm0IJ6gN via @itele

Durant la campagne des élections régionales en Ile-de-France en 2015, il avait également tourné en dérision l'opération de com' pas vraiment féministe de Valérie Pécresse (qui avait empoigné un balai en s'exclamant : «Il faut une femme pour faire le ménage !»). En 2012, il incitait Nathalie Kosciusko-Morizet, alors candidat à la présidence de l'UMP, à s'engager contre le «machisme».

Denis Baupin avait également félicité la député écologiste Barbara Pompili pour avoir remis à sa place le député les Républicains Jacques Myard, qui l'avait qualifié de «jeune fille» à l'Assemblée.

L'année dernière, l'élu accusait également le fondateur du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon de «misogynie beauf».

Ces tweets étaient toujours en ligne lundi dans l'après-midi, Denis Baupin qualifiant les allégations des élues citées par Mediapart et France Inter de «délictueuses» et «sans fondement». Il «envisage» de porter plainte pour diffamation, selon son avocat.