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Libération
EDITORIAL

Promesse

Harcèlement, levons l'omertadossier
publié le 9 mai 2016 à 20h41

La parole. Tout n'est que parole. Et celle des femmes qui s'est exprimée pour dénoncer à visage découvert les agissements d'un homme politique de premier plan a une valeur qui va bien au-delà de cette seule affaire. Elle est le cri qui fait sortir cette colère enfouie. Elle est la plaidoirie pour mettre un terme à l'insupportable. Elle est l'introspection pour comprendre pourquoi ces femmes se taisent depuis trop longtemps alors qu'elles sont des victimes. Cette parole est aussi précieuse que fragile. Il aura fallu un an, depuis la publication dans Libé de «Bas les pattes», une tribune de 40 femmes journalistes dénonçant le sexisme largement en vigueur dans le milieu politique, un an donc pour qu'elle se libère chez des femmes responsables politiques pourtant bien au fait de ces problématiques et des mécanismes psychologiques qui conduisent le plus souvent à l'omerta. Cette parole mérite aujourd'hui de ne pas tomber dans l'oubli, de ne pas être traitée à la légère comme c'est le cas trop souvent, ou d'être entravée par une législation trop contraignante. Par exemple, la prescription concernant des faits de violences sexuelles ne laisse pas assez de temps aux victimes pour prendre conscience de ce qu'elles ont vécu et donner lieu à une action judiciaire. C'est pour cela qu'un collectif de responsables et militants politiques, d'abord né au sein d'Europe - Ecologie-les Verts mais rejoint très vite par des élu(e)s de tous bords, a décidé de publier dans Libération une nouvelle tribune pour briser définitivement ce tabou et agir en conséquence. La parole que la société dans son ensemble doit donner en retour, c'est la promesse que cette impunité ne puisse plus perdurer.