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Billet

Sexisme : pas que «des histoires de bonnes femmes»

Harcèlement, levons l'omertadossier
Les répercussions de l'affaire Baupin et la mobilisation suscitée par la tribune du collectif Levons l’omerta, marquent une prise de conscience qu'il faut entretenir.
Cécile Duflot et Emmanuel Cosse avec Denis Baupin le 23 septembre 2015 lors du lancement de la campagne Europe Ecologie-Les Verts (EELV), pour les élections rÈgionales en Ile-de-France; (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 10 mai 2016 à 17h48

Il y a encore de quoi tomber de sa chaise. Et pas qu’une fois. Les répercussions de l’affaire Baupin sur l’omerta qui entoure les questions de sexisme en politique, sont violentes. Dans le bon sens du terme parce qu’elles brisent le statu quo qui dure depuis trop longtemps dans ce domaine. Ce n’est pas tant l’attitude des hommes dont beaucoup pensent encore qu’ils ne sont que des dragueurs un peu lourds qui évolue, mais celle des femmes qui commencent à réaliser qu’elles sont des victimes avant tout et qu’elles peuvent faire bouger les lignes.

La mobilisation suscitée par la tribune du collectif Levons l'omerta, publiée dans Libération, pour mettre fin à l'impunité, est évidemment un signe encourageant d'une prise de conscience collective qu'il faut entretenir. Mais il y a bien d'autres voix qui écorchent nos oreilles et qui montrent l'étendue du chemin à parcourir. Celle de Pierre Lellouche, député LR, qui refuse de «commenter les histoires de bonnes femmes.» Celle de Christian Jacob, président du groupe LR à l'Assemblée, qui estime que le problème ne concerne que les Verts, oubliant qu'il n'y a aucune raison pour que les actes sexistes ne concernent pas l'ensemble des partis politiques, y compris le sien.

Il y a ces commentaires graveleux à l’encontre d’Emmanuelle Cosse, dont il ne faut pas oublier qu’elle est femme politique avant d’être femme de… Et que si elle a des comptes à rendre, c’est en tant qu’ancienne patronne d’une formation politique au cœur du scandale. On pourrait aussi pointer l’absence de réaction de l’Elysée, qui a fait savoir à plusieurs médias qu’il s’agissait d’une affaire privée. Privée ? Vraiment ? Quand il s’agit de l’incapacité des structures politiques à organiser la parole sur ces sujets ? Quand il s’agit de l’impossibilité de faire coïncider le temps judiciaire et le chemin psychologique nécessaire aux victimes pour affronter leurs agresseurs ?

Mais il y a pire. Il y a le récit d’Aurore Bergé, élue LR les Yvelines, qui a raconté sur son compte Twitter les réflexions sexistes et humiliantes qu’elle a dû subir lors d’un conseil d’agglomération. Ce n’était pas il y a un mois, ni il y a un an. C’était lundi soir, quelques heures seulement après que le scandale a éclaté. Des hommes qui pensaient faire de l’humour. Des hommes qui n’ont toujours pas compris.