Originaire du Tarn, le frère de Sylvie (1), converti, a rejoint la Syrie début 2014 avec sa femme. Sur place, le couple a eu un enfant.
«Après les attentats de Paris, j'ai vomi toute la nuit. J'avais l'impression de rentrer en guerre contre mon frère. Ça me retournait les tripes de penser que mon frère aurait pu être l'un des kamikazes. Ici, tout le monde se connaît. Les gens savent ce qu'il en est en Syrie. Pour eux, je suis devenue la sœur d'un terroriste. J'avais peur de sortir et d'affronter le regard des gens. Je pensais en même temps aux familles des victimes et aussi à celles des kamikazes. Ils ne sont pas nés monstres. Mon frère me contacte tous les dix ou quinze jours sans prévenir. Il a peur de se faire bombarder par les drones qui peuvent les localiser avec leurs coordonnées téléphoniques. Il parle uniquement de la famille, la sienne là-bas et la nôtre, ici en France. Je ne lui demande jamais où il est. C'est une question qu'il ne faut pas poser. Après Charlie et le 13 Novembre, je lui ai demandé pourquoi ils tuaient des innocents. Il a répondu qu'en Syrie, ils voyaient des corps de civils déchiquetés par les bombes de la coalition tous les jours. Il ne parle jamais de ceux qui rentrent. Lui est certain de prendre quinze ans de prison s'il revient un jour en France. Parfois, j'en arrive à penser que c'est mieux qu'il reste là-bas avec sa femme, mais il y a leur enfant. Que va-t-il devenir ?»
(1) Le prénom a été modifié.