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Libération
Témoignage

«On ne peut rien faire, même pour ceux qui reviennent de Syrie. Rien ne sera plus comme avant»

publié le 11 mai 2016 à 19h41

Originaire de la commune bruxelloise de Schaerbeek, le fils de Malika, 23 ans, est en Syrie depuis 2013.

«Je suis très perturbée et révoltée. On vit dans une double crainte : celle d’être victime d’un attentat, mais aussi dans la peur que l’un de nos enfants soit impliqué dans un acte terroriste. On ne se sent à l’abri de rien. Les gens sont paniqués. Les médias ont leur part de responsabilité dans leur façon de présenter et de stigmatiser des communes bruxelloises comme Schaerbeek ou Molenbeek. Dans la rue, je suis dévisagée à cause de mon hijab [foulard musulman, ndlr]. Certains nous interpellent. On essaie de garder la tête haute malgré tout. Je ressens de la rage devant ces jeunes qui se font exploser avec leurs ceintures autour de la taille. Certains ont été drogués avant les attentats. Ce ne sont plus les enfants que nous avons connus. On ne peut rien faire, même pour ceux qui reviennent de Syrie. Rien ne sera plus comme avant. Ils sont détruits psychiquement. L’Etat belge n’a rien fait pour les empêcher de partir. Il ne fait rien non plus en les enfermant ou en les laissant livrés à eux-mêmes. Il faudrait les encadrer. Les laisser s’exprimer pour essayer de comprendre et savoir ce qu’ils ont vécu en Syrie. Les mettre en prison, c’est prendre le risque qu’ils soient manipulés. Les familles de jihadistes ne sont pas entendues. Nous avons proposé des programmes de prévention dans les écoles mais l’Etat ne nous donne aucun moyen pour le faire. Tout le monde est perdu.»