Finalement, c'est une demi-purge. Priés de démissionner des instances du FN après avoir assisté à un meeting de Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch et Marie-Christine Arnautu vont connaître des sorts différents. Le premier, membre du bureau politique, sauve sa tête grâce à un arrangement à l'amiable avec Marine Le Pen. Quant à la seconde, vice-présidente du FN, son insubordination lui vaudra un passage devant la commission de discipline frontiste.
Tous deux proches de Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch et Marie-Christine Arnautu s'étaient présentés le 1er mai au rassemblement organisé par celui-ci, place des Pyramides, à Paris. L'ex-président du FN y avait à nouveau dénoncé son exclusion du parti, et condamné la politique de «dédiabolisation» menée par sa fille, «un calcul de naïf, de sot ou de traître». Le bureau politique, dont sont membres les deux eurodéputés, les avait alors priés de démissionner de leurs responsabilités au sein du mouvement.
«Un souci d’apaisement»
Le cas de Bruno Gollnisch s'est réglé lors d'une rencontre avec Marine Le Pen, mercredi au Parlement européen. «Bruno Gollnisch a remis ce jour à Marine Le Pen sa démission du bureau politique, annonce un communiqué du Front national publié jeudi matin. Dans un souci d'apaisement, celle-ci l'a refusée.»
L'ancien second de Jean-Marie Le Pen conserve donc sa place dans cette instance de 42 membres, sorte de gouvernement du parti. «Il lâche du lest sur une décision de façade, tandis que Marine Le Pen trouve une porte de sortie honorable, qui lui permet de calmer le jeu», explique un frontiste.
«Je ne me laisserai pas faire»
La situation de Marie-Christine Arnautu est différente : cette cadre historique avait, de son côté, refusé tout net de démissionner. Une rébellion d'autant plus délicate que l'eurodéputée occupe de hautes responsabilités au sein du parti, en tant que vice-présidente et membre du bureau exécutif (une instance resserrée de neuf membres). Démarchée à de nombreuses reprises, ces derniers jours, par des proches de Marine Le Pen, Marie-Christine Arnautu est restée ferme sur ses positions. «Ayant refusé de se soumettre à la motion du bureau politique du Front national, elle sera convoquée incessamment devant les instances disciplinaires», poursuit le communiqué frontiste.
La commission pourrait démettre elle-même Marie-Christine Arnautu de ses fonctions, mais la procédure risque de ne pas être de tout repos pour le FN : «Je ne me laisserai pas faire, prévient-elle auprès de Libération. Je ne considère pas avoir commis de faute. Mais voilà un an que l'on veut me sortir du bureau exécutif, et on a fini par trouver ce prétexte. Peut-être que je dérange par mes prises de position sur la famille ? En tout cas, si on veut vraiment l'apaisement, mieux vaudrait en rester là.»