Cinquante jours d'amende à 10 euros. Voilà tout ce que le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer a requis contre le général Christian Piquemal, 75 ans, ancien patron de la Légion étrangère. Le général était poursuivi pour sa présence au rassemblement interdit d'extrême droite contre les migrants, et à l'appel des islamophobes de Pegida, devant la gare de Calais, le 6 février. Ce qu'on lui reprochait : «Avoir continué à prendre part, de manière non armée», à l'attroupement «malgré les sommations de dispersion», ce qu'il a reconnu en partie, et de l'avoir «organisé», ce qu'il a contesté. Les avocats du prévenu ont demandé la relaxe et salué «le caractère magnanime» du procureur, lequel reconnaît avoir été clément eu égard au «glorieux passé» de cet ancien membre des cabinets d'Edith Cresson, Pierre Bérégovoy et Michel Rocard, et auquel on peut donner crédit «qu'il ne souhaitait pas de violences» ce 6 février à Calais. Mince, campé jambes écartées à la barre, le général estime qu'il n'a rien à se reprocher et assure n'avoir rien organisé du tout. Il avoue juste regretter avoir été présent devant la gare de Calais. Il prétend n'avoir pas entendu les sommations (six en tout), sauf les deux dernières, et assure qu'il quittait les lieux quand il a été arrêté. Le procureur considère le général comme «organisateur» de la manifestation, le militaire ne se voit que comme «caution morale». Le jugement a été mis en délibéré au 26 mai.
Le général Christian Piquemal «Sur le fond, j’avais le droit de m’intéresser aux problèmes de Calais et d’exprimer mes idées. La liberté d’expression est un droit constitutionnel.»
par Haydée Sabéran
publié le 12 mai 2016 à 20h01
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