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A Rennes, le Raid plane sur la Maison du peuple

Rennes, le 13 mai. Evacuation de la salle occupée depuis le 1er mai.
publié le 14 mai 2016 à 8h47

Après une douzaine de jours d'occupation, la Maison du peuple, ou salle de la Cité, à Rennes, a été évacuée vendredi matin sans heurts majeurs ni blessés, comme on pouvait le craindre. Depuis la décision de la ville de Rennes, mercredi, de ne pas prolonger l'autorisation d'occupation de cet ancien fief de la CGT et des Transmusicales, situé dans le centre névralgique de la ville, opposants à la loi El Khomri, précaires, chômeurs et intermittents avaient pris leurs dispositions, barricadant les accès à la salle dans l'attente d'une intervention. Elle a eu lieu vers 6 heures vendredi avec les grands moyens. Des gendarmes mobiles et une équipe du Raid ont forcé les barrières métalliques côté rue Saint-Louis pour accéder à la salle. Une cinquantaine de militants ont été délogés sans violences. «On se tenait tous les uns contre les autres et les gendarmes ont dû nous saisir un par un pour nous évacuer, raconte Camille, 24 ans. Mais ça n'a pas été trop violent. Lorsque certains gendarmes ont voulu nous prendre par la tête, nous avons protesté et ça s'est fait plutôt en douceur. Nous sommes sortis en faisant un maximum de bruit et en chantant.»

Pendant ce temps, une vingtaine de militants s'étaient réfugiés sur le toit où des policiers du Raid, suspendus dans une nacelle accrochée à la grue d'un chantier voisin, étaient prêts à intervenir (photo). Finalement, la grande échelle des pompiers a pu s'approcher du toit du bâtiment pour évacuer un à un les derniers militants. L'un d'eux a fait état «de clés de bras pour nous maîtriser» et les forces de l'ordre ont procédé à une interpellation. Après environ trois heures d'opération, la salle de la Cité était vidée de ses derniers occupants et les policiers ont alors repoussé à l'aide de gaz lacrymogènes les quelque 200 manifestants regroupés dans les rues adjacentes. Vers midi, le quartier était bouclé mais avait retrouvé un certain calme. Camille, assise à la terrasse d'un café avec son bébé, regrettait déjà une occupation pacifique et inédite à Rennes, ayant pendant près de deux semaines mobilisé un mélange bigarré d'opposants à la loi travail et autres adeptes de Nuit debout. «C'était génial, lâche la jeune femme qui s'est occupée de la cantine collective. Il y a toujours eu une très bonne ambiance, avec beaucoup de débats. Sans tapage pour le voisinage et sans que personne ne pose de problème.»

Photo Vincent Feuray