«La vérité, monsieur le président. Moi, je suis un mec pour gagner de l'argent, le dépenser et m'éclater, pas pour le placer en Bourse.» Mardoche Mouly, dit «Marco», est une caricature, qui n'hésite pas à forcer le trait. Surjouer l'escroc sympa au risque «de passer pour plus voyou que sympa aux yeux du tribunal», selon la défense.
Faute d'autres combattants (les uns ont été trucidés sur fond de partage du butin, d'autres sont réfugiés en Israël), Marco est le principal protagoniste du procès, ouvert depuis deux semaines à Paris, de l'arnaque au CO2 : une fraude à la TVA sur les droits à polluer qui ont entraîné un manque à gagner de 5 milliards d'euros pour l'UE, 1,6 milliard en France.
Lors d'une audience surréaliste jeudi, le président du tribunal a tenté de tempérer son flux, avant de renoncer. Il triera plus tard le bon grain de l'ivraie - l'auteur de ces lignes y perd lui-même son latin. Quelques éléments de compréhension : «Sans taxe, y a pas d'escroquerie», résume Marco. De fait, elle cessera dès que l'UE supprimera la TVA sur la Bourse du carbone. Mais ce récidiviste, qui s'était fait la main sur le marché de la téléphonie, ne peut s'empêcher d'embrouiller :
«Tout le monde est au courant du carbone. Au départ, c’est casher, puis je me rends compte que c’est lié à la TVA.
- C’est légal ou illégal ?
- Pour l’instant, ça ne m’intéresse pas. Ça s’appelle de l’arbitrage de TVA. Maintenant, il y a ceux qui escroquent la TVA…
- Une fraude.
- Si vous me laissez parler, monsieur le président»…
Lire la suite sur Libération.fr