Menu
Libération
EDITORIAL

Clivants

publié le 15 mai 2016 à 20h31

A priori, c'est une bonne nouvelle. Au PS, ou en marge du PS, la relève est là. Quadra ou quinqua, ils piaffent devant la porte de l'Elysée, prêts à régénérer la vie politique. Cela tombe bien : à gauche comme à droite, les Français n'en peuvent plus des figures héritées du passé (à l'exception, pour l'instant, d'Alain Juppé), d'un système ankylosé et consanguin si peu en phase avec l'évolution du monde. Le problème, c'est que cette relève n'est pas aussi innovante qu'il y paraît. Montebourg et Macron, ces deux ambitieux prêts à tuer le(s) père(s) pour arriver à leurs fins, font-ils rêver tant que ça ? Incarnent-ils vraiment le renouveau ? D'abord, rien que ça, où sont les femmes ? Et les enfants d'immigrés ? En 2016, la relève, à gauche, reste représentée par un homme, blanc et plutôt aisé, ce qui est assez peu représentatif de la diversité de la société française. Et donne un petit coup de vieux quand on regarde ce qui vient de se passer de l'autre côté du Channel où les Londoniens ont plébiscité à leur tête un fils de chauffeur de bus pakistanais, totalement intégré dans la société britannique mais fort d'une culture mondialisée.

L’autre hic, c’est que Montebourg et Macron sont aussi clivants l’un que l’autre, voire urticants. En gros, soit ils fascinent, soit ils insupportent, il n’y a guère de milieu. Cela signifie qu’il leur sera difficile de rassembler le moment venu. Or, c’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui. Les électeurs de gauche sont si décontenancés, si perdus, si prêts à s’abstenir ou à délaisser le vote utile qu’il faudra, en 2017, une personnalité capable d’abord de les convaincre en incarnant un avenir possible, ensuite de ratisser large pour voir le miracle s’opérer et la gauche être présente au second tour. Entre un (désormais) vieux routier de la politique et un Iznogoud jamais élu, le choix paraît bien restreint.