Une violation massive, consciente et répétée des lois… Le témoignage de l'intérieur que nous publions tend à prouver que les pratiques d'abattage honteuses révélées par les vidéos de l'association L214 ne sont en rien des exceptions montées en épingle, mais un reflet fidèle des méthodes employées couramment par les abattoirs français. La loi est pourtant claire, inscrite depuis de longues années dans le code rural comme dans les directives européennes : «Toutes les précautions doivent être prises en vue d'épargner aux animaux […] toute souffrance évitable.» Or, chaque année, des centaines de milliers de bêtes sont immolées dans des conditions cruelles et inutiles dont le spectacle est si choquant que les responsables des abattoirs refusent systématiquement de laisser les reporters filmer à l'intérieur des usines à viande qui parsèment le territoire français.
Depuis 2015, les animaux ont cessé d’être tenus pour des meubles par la législation française, qui leur reconnaît désormais le statut d’«êtres sensibles», disposant à cet égard d’un minimum de droits. Il est en effet un domaine dans lequel l’animal est l’égal de l’homme : celui de la souffrance. Or ce progrès juridique, né d’une lutte deux fois séculaire contre la cruauté envers les animaux, reste lettre morte dans un nombre considérable de cas. Pour des raisons de rentabilité, mais aussi en raison de l’extension continue de l’abattage rituel imposé par les fondamentalistes religieux, l’étourdissement en principe prévu par la loi est souvent contourné ou mal appliqué. A la suite de la diffusion des vidéos de L214, une commission parlementaire s’est saisie de cette question. C’est à coup sûr une œuvre pie. Mais il ne faudrait pas que, sous le prétexte d’approfondir la question et d’écouter tous les lobbies en présence, elle ne serve qu’à éluder une mesure simple et efficace : la stricte application des lois en vigueur.