Alors, docteur, ça va mieux ? La (pré)campagne de François Hollande de réhabilitation de son action a-t-elle une chance de convaincre les Français ? Personne ne semble vouloir croire à la prophétie hollandaise d’un pays qui irait mieux sans le savoir. A en croire un sondage Ifop, 86 % des sondés affirment ainsi que la France ne va pas mieux du tout. Mardi matin, comme ces témoins de Jéhovah qui prêchent à la sortie du métro, Hollande est sur Europe 1 pour reprendre son travail d’évangélisation. On peut ricaner et professer que personne ne croira à cette histoire pour la simple raison que personne n’a envie d’y croire. Car reconnaître que la France va mieux, c’est implicitement admettre que le chef de l’Etat y est (un peu) pour quelque chose. Or, comme une écrasante majorité de Français ne veut pas d’une candidature de Hollande en 2017…

Pourtant, la France va mieux. Ce n’est pas une vue de l’esprit. Même si la droite refuse l’évidence : l’économie française est en train de sortir de presque dix ans de crise. Ce n’est pas fulgurant, mais ça ressemble (et c’est la première fois depuis le début du quinquennat) à quelque chose de solide. Tous les indicateurs sont en train de repasser au vert : la croissance (+0,5 % au premier trimestre, réévaluée de 0,1 point), le déficit public (3,5 % en 2015, mieux que prévu), le taux de marge des entreprises comme l’investissement, le pouvoir d’achat des ménages (+1,7 % en 2015, le meilleur résultat depuis 2007), et même le chômage (-1,7 % de baisse en mars, la plus forte depuis 2006).

Et alors comment se fait-il que personne ne s’en rende compte ? Comme le dit Michel Sapin, le ministre des Finances, il est rare de croiser dans la rue un taux de croissance qui va mieux. Aujourd’hui, ce diagnostic est d’abord une réalité statistique, qui n’est pas perceptible par les Français. Encore que. Dans le même sondage de l’Ifop, 51 % des Français considèrent que leur situation personnelle va mieux. Un début.