Ni ses regrets ni sa prétendue maladresse n’ont réussi à convaincre la cour d’assises d’Evry (Essonne). Après une semaine d’audience, le verdict est tombé dans le procès de la tentative d’assassinat de Corbeil-Essonnes. Younès Bounouara, un proche de l’ancien maire Serge Dassault, a écopé de quinze ans de réclusion criminelle. Les jurés sont allés au-delà des douze ans requis par l’avocat général, estimant que la tentative d’assassinat dont a été victime Fatah Hou n’a rien d’un accident et que la préméditation est établie.

Pendant le procès, l'accusé et la partie civile se sont disputé le monopole de la peur. Younès Bounouara s'est présenté comme la victime d'une «équipe» de la cité des Tarterêts, menée par le «caïd» Fatah Hou qui le harcelait pour lui extorquer de l'argent. La démarche claudicante, Fatah Hou n'a eu de cesse de rappeler aux jurés que c'est lui qui a subi des pressions pour avoir «voulu dénoncer le système Dassault». C'est une vidéo pirate datant de novembre 2012 qui serait à l'origine de la fusillade. A l'époque, Fatah Hou se rend dans le bureau de Serge Dassault, maire de Corbeil entre 1995 et 2009, pour réclamer de l'argent. Le milliardaire rétorque qu'il a déjà versé 1,7 million d'euros à Younès Bounouara, chargé de redistribuer aux intermédiaires qui ont donné «un coup de main» pour faire élire son successeur, Jean-Pierre Bechter. Il ne mettra plus la main à la poche. Un mois plus tard, l'information se retrouve dans le Canard enchaîné, provoquant une altercation entre Bounouara et Fatah Hou. Serge Dassault, qui a toujours récusé les soupçons d'achat de votes, n'en dira pas plus sur la toile de fond de la fusillade : il a décliné la convocation de la cour. Il a donc fallu se contenter de la version des deux enfants des Tarterêts, Younès Bounouara, le lieutenant qui a bénéficié des largesses du milliardaire, et Fatah Hou, la petite main qui a tenté d'obtenir sa part du gâteau avant de dénoncer ceux qui ne le rétribuaient plus.