Menu
Libération
Assemblée nationale

Duflot tente de «sauver le groupe» écolo après le départ des pro-Hollande

Les six députés pro-gouvernement ont annoncé ce jeudi leur ralliement aux socialistes, actant de fait la fin de la représentation d'EE-LV à l'Assemblée. A moins de rallier cinq députés non-inscrits pour conserver cet acquis de 2012.
Cécile Duflot pourrait tenter de rallier des non-inscrits à son groupe, comme l'ex-PS Pouria Amirshahi, afin de le sauver. (Photo Alain Jocard. AFP)
publié le 19 mai 2016 à 16h48
(mis à jour le 19 mai 2016 à 17h38)

Ce n'est plus une déchirure, c'est un délitement sans fin. Après les départs au compte-gouttes de parlementaires du parti Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), c'est la fin du groupe Ecolo à l'Assemblée nationale. L'un des trophées politiques de l'ère Duflot-Placé acquis après la victoire de la gauche en 2012. Dans un communiqué siglé «groupe socialiste, républicain et citoyen» (SRC), les six députés écologistes dits «réformistes» – soit ceux qui soutiennent François Hollande et Manuel Valls et ont quitté petit à petit EE-LV depuis la fin de l'été 2015 – ont annoncé leur ralliement aux socialistes, confirmant une information de La Chaîne Parlementaire (LCP). «Les députés écologistes réformistes forment désormais au sein d'un groupe socialiste, écologiste et républicain une composante constituée, libre de ses positions, qui inscrit clairement son action dans le cadre de la majorité», écrivent-ils dans ce communiqué. La députée de la Vienne, Véronique Massonneau, devient ainsi vice-présidente du groupe SRC. Elle et ses cinq camarades «conservent leur totale liberté d'expression, d'amendement des textes et de vote». Les députés passant du vert au rose sont : François de Rugy (Loire-Atlantique), Eric Alauzet (Doubs), Christophe Cavard (Gard), François-Michel Lambert (Bouches-du-Rhône), Véronique Massonneau (Vienne) et Paul Molac (Morbihan).

Conséquence de l’affaire Baupin

La crise au sein du désormais ex-groupe Ecolo couve depuis plusieurs mois mais se trouve exacerbée depuis les révélations de harcèlement et d'agressions sexuelles présumés à l'encontre du député de Paris, Denis Baupin, membre de la sensibilité écolo pro-gouvernement. Ce dernier ayant démissionné de la vice-présidence de l'Assemblée, c'est son collègue de Loire-Atlantique, François de Rugy, qui l'a remplacé la semaine dernière. Selon les proches de la présidente du groupe Ecolo, Cécile Duflot, le deal était le suivant : la présidence – seule – pour Duflot en échange de la vice-présidence de l'Assemblée pour l'autre sensibilité. «On s'est fait baiser, rapporte-t-on dans l'entourage de l'ex-ministre. Ils avaient déjà passer leur deal avec les socialistes. Plus on s'approche de la présidentielle et plus on détruit méthodiquement toute tentative de candidature à gauche autre que celle de Hollande».

Les pro-gouvernement disaient officiellement vouloir poursuivre le même fonctionnement mis en place en 2012 : deux coprésidents. Plus tôt dans la matinée, sur LCP, François de Rugy avait déjà mis en garde ses camarades. «S'il n'y a plus de coprésidence, je ne vois pas comment il pourrait continuer à y avoir un groupe écologiste», avait-il prévenu. Dans leur communiqué, ces derniers critiquent ainsi «une partie des députés du groupe écologiste [qui] a décidé aujourd'hui de priver l'écologie réformiste d'une représentation politique institutionnelle en remettant en cause la pluralité qui fondait l'existence d'un groupe écologiste autonome». Ils ont ainsi proposé Massonneau pour le poste, refusée par l'autre camp. Sans attendre de trouver un compromis. «Ils voulaient se barrer. Je suis écoeuré, fait valoir un collaborateur du groupe Ecolo, Pierre Januel. C'est leur droit de vouloir partir, mais ils auraient pu nous prévenir avant d'envoyer leur communiqué. Ceux pour qui on écrit des amendements depuis quatre ans viennent de nous mettre au chômage en un tweet».

Cinq députés à trouver

Selon ses proches, Duflot tente de «sauver le groupe». Lequel a besoin de cinq nouveaux membres s'il veut pouvoir continuer à bénéficier de moyens, de temps de parole, de représentation… Sauf à tenter une fusion – plutôt improbable – avec le groupe Front de gauche, l'ex-ministre se tourne pour l'instant vers les députés non-inscrits sortis du groupe PS. Les discussions ne devraient pas être compliquées avec Pouria Amirshahi (Français de l'étranger) et Philippe Noguès (Morbihan), qui militaient il y a quelques mois pour un groupe «rouge-rose-vert». Le deal pourrait être plus difficile avec deux députés PS, Patrick Lebreton (La Réunion) et Bernard Lesterlin (Allier), qui ont annoncé leur départ du groupe la semaine dernière. Si le premier est parti en accusant Hollande de «brader l'héritage de François Mitterrand», le second soutient toujours le président de la République. Reste sur le marché des députés non-inscrits comme l'ex-PS Thomas Thévenoud ou l'ex-Modem Jean Lassalle.