«En 2013 après la crise de la finance, un article de la loi de régulation bancaire a limité les salaires des traders. La France a pu légiférer et a inspiré toute l'UE, qui a adopté une directive en ce sens. Encadrer les plus hauts salaires est donc possible, et à l'époque cela avait même été jugé souhaitable. Pourquoi alors, trois ans plus tard, certains, comme le ministre de l'Economie, affirment que "la loi n'est pas la bonne méthode" ? Les dérives de comportement d'une infime minorité de grands patrons conduisent pourtant aux mêmes dérives que dans la finance : obsédés par leurs rémunérations assises sur les résultats annuels, certains dirigeants poussent leur entreprise vers une stratégie d'ultra court terme sacrifiant tout investissement, même faiblement risqué, pour afficher des résultats justifiant des millions et des millions de rémunération variable.
«Après la retraite chapeau de M. Varin à PSA, une entreprise sauvée par l'Etat, après les «golden hello» de Sanofi, après le parachute doré de M. Combes [patron de SFR, propriétaire de Libération, ndlr] suite au rachat d'Alcatel-Lucent, après le refus du conseil d'administration de Renault de suivre l'avis de ses propres actionnaires sur la rémunération de M. Ghosn, légiférer est inévitable. Le Medef et l'Afep [Association française des entreprises privées] ont eu trois ans pour faire appliquer un code d'autorégulation, et ils ont échoué. Au législateur de donner aux entreprises, salariés et actionnaires, les moyens de redonner un sens à la "raison sociale" des groupes du CAC 40.»