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TRIBUNE

Laurence Parisot : pourquoi je ne signe pas l'Appel des 40 au CAC 40

L'appel des 40 au CAC 40dossier
L'ancienne présidente du Medef dit partager certains points de la tribune publiée par «Libération» ce jeudi mais pense que la limitation des salaires à 100 SMIC des seuls patrons du CAC 40 épargnerait de nombreux autres abus.
Laurence Parisot, ancienne patronne du Medef, à La Plaine Saint-Denis, en 2014. (Photo Thomas Samson. AFP)
par Laurence Parisot, Ancienne présidente du Medef et vice-présidente de l’Ifop
publié le 19 mai 2016 à 11h10

Je suis irritée – c'est le moins que l'on puisse dire – par certaines rémunérations. Très récemment encore, j'ai dit publiquement mon désaccord avec la position prise par le Conseil de Renault.

Toutefois, j'ai du mal à vous suivre sur la solution que vous recommandez [limiter la rémunération des patrons du CAC 40 à 100 Smic, ndlr]. Elle pose de nombreux problèmes ; vous en citez certains (le marché mondial est plus réel que vous ne le pensez), mais pas tous.

Un exemple, la baisse de la rémunération du mandataire social (le CEO) n’entraîne pas du tout la baisse des autres cadres dirigeants. Regardez dans les entreprises publiques soumises à la règle des 450 000 euros annuels : il y a chez chacune d’elle en moyenne 50 personnes qui gagnent plus que le patron. Dingo et pas tenable sur le long terme.

Autre remarque : ce principe ne s’appliquerait qu’aux entreprises cotées. Donc, un gérant de cabinet d’architecte qui gagne plus de 2 millions d’euros et qui fait travailler une bande de stagiaires mal rémunérés ne serait pas concerné ; un cadre dirigeant d’une entreprise non cotée et qui gagne 10 millions d’euros passerait sous le radar ; un artiste qui gagne 20 millions par an et qui utilise tout au long de l’année sans vergogne les services d’intermittents ne serait pas concerné ; un écrivain à succès qui empoche 1,8 million de droits d’auteur et qui ne fait travailler personne ne serait pas concerné ; etc.

Mes préoccupations sont très proches des vôtres : le repli sur soi, la défiance, l’écœurement, le poujadisme sont des menaces pour la cohésion de notre société.

Mais je pense qu’il faut s’y prendre autrement.