«Je suis très irritée par certaines rémunérations. Très récemment encore, j’ai dit mon désaccord avec la position prise par le conseil d’administration de Renault. Je partage certains points de "l’Appel des 40 au CAC 40", mais la solution que vous recommandez pose de nombreux problèmes. Vous en citez certains, mais pas tous. Un exemple, la baisse de la rémunération du mandataire social n’entraîne pas du tout la baisse des autres cadres dirigeants. Regardez dans les entreprises publiques soumises à la règle des 450 000 euros annuels : il y a chez chacune d’elle en moyenne 50 personnes qui gagnent plus que le patron. Dingo et pas tenable sur le long terme.
«Autre remarque : ce principe ne s’appliquerait qu’aux entreprises cotées. Donc, un gérant de cabinet d’architecte qui gagne plus de 2 millions d’euros et qui fait travailler des stagiaires mal rémunérés ne serait pas concerné ; un cadre dirigeant d’une entreprise non cotée et qui gagne 10 millions d’euros passerait sous le radar ; un artiste qui gagne 20 millions par an et qui utilise toute l’année sans vergogne les services d’intermittents ne serait pas concerné ; un écrivain à succès qui empoche 1,8 million de droits d’auteur et qui ne fait travailler personne ne le serait pas plus. Mes préoccupations sont très proches des vôtres : le repli sur soi, la défiance, l’écœurement, le poujadisme sont des menaces pour la cohésion de notre société. Mais il faut s’y prendre autrement.»