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Libération
CAC 40

Merci Carlos

L'appel des 40 au CAC 40dossier
Carlos Ghosn, le 12 mai à Yokohama. (Photo Toshifumi Kitamura. AFP)
publié le 19 mai 2016 à 21h01

Le patronat français peut chaleureusement remercier Carlos Ghosn, le patron de Renault-Nissan. Grâce à lui, le Medef et l'Afep pourraient s'en tirer à très bon compte. Les deux organisations patronales espèrent bien que la foudre du gouvernement s'abatte sur le seul PDG de Renault et ses 15 millions d'euros annuels, laissant le CAC 40 continuer à vivre sa vie à l'abri des polémiques. Après «l'Appel des 40» initié par Libération - qui dépassait mardi les 5 500 signataires -, Manuel Valls a déclaré soutenir un amendement communiste visant à rendre souveraines les assemblées générales en matière de rémunération des PDG. En clair, Carlos Ghosn et son conseil d'administration ne pourront plus s'asseoir sur le vote de leurs actionnaires. En toute logique capitaliste, l'affaire Renault aurait dû provoquer une vague d'indignation : voilà un PDG qui, en toute impunité, fait un bras d'honneur à la majorité de ses actionnaires qui avaient refusé sa hausse de rémunération. Mais rien ne se passa. Pas de démission au conseil de Renault. A peine un haussement d'épaule au Medef. Autant dire que cet amendement communiste est une bonne nouvelle. Et comme par hasard, il a immédiatement fait réagir le Medef, qui demande maintenant à Renault de «revoir le mode de calcul du salaire de son PDG». Mais, cela ne peut pas suffire. Car si l'on en reste au seul cas très exceptionnel du constructeur français, les autres patrons du CAC 40 pourront continuer à faire approuver par des votes soviétiques leur hausse de rémunération. Réagissant à l'appel de Libération, le ni droite ni gauche Emmanuel Macron répond que le recours à la loi n'est «pas la bonne méthode». Pas vraiment une surprise de la part de celui qui avait déclaré au sujet de la taxe de 75 % de Hollande : «C'est Cuba sans le soleil.» Comme l'a justement rappelé Manuel Valls, l'autorégulation accordée aux entreprises «a échoué». Voilà pourquoi selon lui, «l'Appel des 40» «montre le chemin qu'il faut prendre». Chiche Monsieur le Premier ministre ?