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Libération

Raffineries : les débrayages continuent

publié le 22 mai 2016 à 20h01

Alors que les forces de l’ordre ont débloqué les barrages qui empêchaient l’accès à plusieurs raffineries et dépôts, les craintes de pénurie se sont renforcées ce week-end sur fond de ruée vers les stations-service dans le Grand Ouest, principale zone touchée par les difficultés d’approvisionnement en carburant. En fin d’après-midi, vendredi, les autorités avaient pourtant fait évacuer les accès de six des huit lieux de stockage de pétrole, qui étaient bloqués depuis plusieurs jours par des salariés du secteur du transport, opposés à la loi travail.

Ces derniers craignaient que son adoption n'aboutisse à une baisse de la rémunération de leurs heures supplémentaires. Mais la raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique), dont les salariés ont voté vendredi à 55 % l'arrêt des installations pour une semaine, est restée sans activité ce week-end. Cette mise à l'arrêt des raffineries représente le principal risque de pénurie, sachant qu'il faut environ trois jours pour arrêter les installations et au moins autant pour les relancer. Or, comme à Donges, les salariés de celles de Gonfreville-l'Orcher, près du Havre, et de Feyzin, près de Lyon, ont également voté vendredi l'arrêt des installations et entamé leur procédure d'arrêt, tandis que Grandpuits (Seine-et-Marne) tourne au ralenti. Soit quatre raffineries sur les huit de l'Hexagone. «Nous maîtrisons pleinement la situation», a affirmé le Premier ministre, Manuel Valls. En outre, le gouvernement dispose, a-t-il dit, «de stocks stratégiques auxquels nous n'avons pas touché pour l'instant».

Manuel Valls, comme Alain Vidalies, secrétaire d'Etat aux Transports, disent ne pas comprendre l'attitude de la CGT et de FO après que le gouvernement leur a apporté samedi la garantie que le projet de loi travail de Myriam El Khomri ne modifierait pas leur régime dérogatoire sur les heures supplémentaires. La CGT, elle, a fustigé les méthodes du gouvernement pour neutraliser l'action des grévistes dans les raffineries et dépôts de carburant. Son secrétaire général, Philippe Martinez, a estimé que Hollande et Valls «utilisent les mêmes méthodes que Sarkozy en 2010», en envoyant «les forces de l'ordre pour casser les grèves».Il a ajouté qu'«en 2010, le gouvernement français avait été condamné car il est interdit de faire ces réquisitions et de déloger de tels mouvements. Il y aura une réaction à la hauteur».

L'enjeu, pour les syndicats, est désormais de propager la mobilisation de la rue aux entreprises. Philippe Martinez a ainsi appelé à «généraliser les grèves».