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Libération
Éditorial

Joyeux anniversaire LR…

Le 30 mai 2015, Nicolas Sarkozy lançait le mouvement Les Républicains qui devait faire oublier l'UMP et dépasser les vieux partis. Un an après, il ne reste pas grand-choses des ambitions annoncées.
Nicolas Sarkozy le 12 mai 2016 à Jonage (Photo JEFF PACHOUD. AFP)
publié le 29 mai 2016 à 20h01

La rime a beau être riche, on n’est pas d’humeur à entonner ce refrain rue de Vaugirard, au siège du parti de Nicolas Sarkozy. Il y a un an tout juste, quelques milliers de militants participaient au congrès fondateur de «Les Républicains», nouveau mouvement qui devait révolutionner le paysage politique français. On en est très loin. C’est pourquoi personne ne se risquera à célébrer cet anniversaire, qui réveillerait trop de contradictions et de contre-performances. A quoi bon remuer ce mauvais souvenir au moment où Sarkozy s’apprête à se débarrasser de sa casquette de chef de parti pour assumer enfin sa candidature à la primaire de novembre ?

L'objectif inavoué de la refondation était de faire oublier l'UMP, le parti qui paya 18 millions de fausses factures pendant la dernière campagne présidentielle de Sarkozy. Mais l'ambition affichée était plus noble. A la veille du congrès du 30 mai 2015, l'ancien chef de l'Etat avait fait diffuser massivement un appel à «tous les républicains de France» inspiré, tant par sa mise en page que par son ton solennel, de l'appel du 18 juin 1940. «Les républicains de tous les bords» étaient invités à se rassembler pour dire «que ce que nous avons en partage est plus grand que ce qui peut nous séparer». C'en serait fini des vieux partis usés jusqu'à la moelle et des vieux clivages qui ne veulent plus rien dire.

Signe de sa radicale nouveauté, le mouvement Les Républicains ne se laisserait pas enfermer dans l’un de ces vulgaires sigles ou acronymes qui polluent la vie politique. Un an après, il ne reste pas grand-chose de ces fortes paroles. L’objectif annoncé du demi-million d’adhérents est oublié (ils ne sont qu’à peine plus de la moitié). Quant aux vieux clivages, le chef de LR juge désormais absurde de prétendre les dépasser. Depuis que Juppé lui vole la vedette et que Xavier Bertrand s’est fait élire, à Lille, par un front républicain anti-FN, Sarkozy n’a pas de mots assez durs contre ceux qui négligent l’opposition gauche-droite. Ce changement de pied illustre la réalité du parti : une machine de guerre au service de la candidature de Sarkozy. Le problème, c’est que le président-candidat ne peut pas l’assumer publiquement, l’appareil du parti étant censé observer une stricte neutralité entre candidats à la primaire.

C'est pourquoi, à chacune de ses prises de parole, Sarkozy soutient qu'il est revenu en chef de parti pour reconstruire une «famille» agonisante sur le champ de ruines de la guerre Copé-Fillon. Jean-François Copé : en voilà un que cet anniversaire rend bien triste ! Jadis ardemment soutenu par tous les sarkozystes, l'ex-chef de l'UMP supporte en silence d'entendre dire par son successeur que sa présidence fut un désastre, alors même que la «vague bleue» aux municipales de mars 2014, reste, à ce jour, le plus grand succès électoral de la droite depuis 2012.