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Libération
EDITORIAL

Bonne volonté

Publié le 30/05/2016 à 20h31

La porte de sortie existe. Encore faut-il vouloir l’ouvrir… On sent bien, au-delà des postures de négociation, ou de prénégociation, qu’un arrangement est possible sur le point clé de «l’inversion des normes» contenu dans le désormais célèbre article 2 de la loi El Khomri. Garantir le maintien du tarif des heures supplémentaires, restaurer un droit de regard - très formel - de la branche sur les accords d’entreprise : autour de ces deux amodiations, les responsables de bonne volonté peuvent s’accorder verbalement et concrétiser ce compromis à l’Assemblée nationale lors de la deuxième lecture du projet. Seulement voilà… La CGT en tient pour le retrait pur et simple du texte, non seulement pour envoyer un message d’intransigeance à ses mandants, mais aussi pour priver d’une victoire la CFDT concurrente, dont elle redoute les progrès continus dans les élections professionnelles. Quant au gouvernement, il juge la mobilisation très moyenne et préfère attendre le résultat de cette semaine de grèves diverses et variées avant de tenter une ouverture. Laquelle se réduira si les mouvements sociaux n’atteignent pas leur but.

Ce en quoi les deux protagonistes du conflit prennent un gros risque. Le gouvernement devra, dans cette hypothèse, traverser plusieurs semaines de turbulences impopulaires qui feront passer au second plan les indices d’amélioration économique qui commencent à se manifester et sans lesquels la gauche de gouvernement ne peut espérer figurer honorablement dans la prochaine présidentielle. En s’arc-boutant sur un retrait auquel le gouvernement ne peut consentir, la CGT pourrait se retrouver à la fin de la partie les mains vides, obligée d’expliquer qu’elle a recouru aux grands moyens pour un tout petit résultat. Les deux gauches sont-elles vraiment irréconciliables ? Si oui, elles chuteront ensemble…