«La parole s'est-elle libérée après les révélations sur l'affaire dite Baupin ?» s'interroge France Inter. «Ce sont les premiers récits qui les ont convaincues de parler», affirme Mediapart. Près de trois semaines après les révélations sur des faits d'agressions et de harcèlement visant Denis Baupin, les deux médias publient de nouveaux témoignages de femmes agressées ou harcelées par l'ex-vice président de l'Assemblée nationale.
Cinq femmes se sont ainsi confiées à France Inter et Mediapart, concernant des faits commis entre 1997 et 2014. Deux d’entre elles ont accepté de témoigner à visage découvert.
Parmi elles, Geneviève Zdrojewski, a fait toute sa carrière dans l’administration, explique Mediapart. En 1997, elle est chef de cabinet de Dominique Voynet, fraîchement nommée ministre de l’Environnement par Lionel Jospin après son arrivée à Matignon. Denis Baupin, lui, est conseiller.
«A deux reprises, monsieur Denis Baupin m'a sexuellement agressée. Une fois j'étais dans mon bureau, je me trouvais avec la porte ouverte avec mon secrétariat. Monsieur Baupin est rentré dans mon bureau de façon tout à fait inattendue et s'est jeté sur moi», raconte-t-elle.
La deuxième fois, la scène se reproduit dans les toilettes. «Là, il m'a plaquée contre le mur, avec les mains sur mes seins, et pour essayer de m'embrasser. Les deux fois, c'était brutal et sexuel.»
Laurence Mermet, ex-chef de la mission Communication, de la Direction de la voirie et des déplacements, sous la responsabilité de Denis Baupin, entre 2002 et 2004, raconte, elle, une «caresse dans la nuque». Un geste «on ne peut plus intime» qui a contribué à sa démission.
«C’est une pieuvre qui m’a sauté dessus»
Autre témoignage, cette fois sous X. En 1999, quelques mois avant les Européennes de 1999, Denis Baupin attire dans son bureau du ministère de l'Environnement une «jeune cadre dirigeante du parti», présente pour une réunion de l'instance de direction des Verts. «A peine entrée dans son bureau, c'est une pieuvre qui m'a sauté dessus. Il a essayé de m'embrasser par tous les moyens», raconte celle que Mediapart surnomme X.
Dans les rangs des anonymes, il y a aussi Y., une militante écologiste qui raconte une main posée juste en dessous du sein en 2012 et Z., journaliste radio qui a reçu un flot de SMS en 2014. «Jusqu'à 21 heures ou 22 heures, le 31 décembre, cela n'arrêtait pas», se souvient-elle.
France Inter et Mediapart racontent par ailleurs avoir contacté Denis Baupin afin de l'interroger. Celui-ci, expliquent les rédactions, a d'abord accepté avant d'exiger «que certaines de ses réponses soient off», un terme journalistique qui désigne des informations données à un journaliste qui ne sont pas destinées à être publiées. Les journalistes ont donc décidé de refuser et d'annuler l'entretien.
Après les premières révélations concernant l'ancien vice président de l'Assemblée nationale, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire.