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Libération
Analyse

Le conflit social noyé sous les inondations ?

Publié le 01/06/2016 à 21h01

La pluie aurait-elle enfin décidé de jouer en faveur de François Hollande ? En squattant les gros titres des médias depuis le début de la semaine, les inondations ont relégué le conflit social entourant la loi travail au second plan, permettant une désescalade entre l’exécutif et la CGT en coulisses. Vu les revendications de la centrale syndicale, on est encore très loin de la sortie de crise, mais le ton a changé.

Des raffineries et dépôts pétroliers, la contestation s'est déportée vers les transports en commun cette semaine. «Nous ne sommes pas sortis du conflit mais ce changement de nature va plutôt dans le bon sens», a noté le chef de l'Etat, mercredi, lors du Conseil des ministres. Globalement, «le climat n'est plus le même que la semaine dernière où les angoisses étaient liées à une éventuelle pénurie d'essence», abonde un de ses conseillers.

Evidemment, l'Elysée et Matignon mettent ce début de dégel sur le compte de leur fermeté. Après une cacophonie rarement égalée depuis le début du quinquennat sur une réécriture de l'article 2 de la loi El Khomri, Hollande et Valls ne varient pas d'un iota : la loi, qui est un «texte de progrès», ne sera pas retirée.

Par ailleurs, les invectives échangées par Philippe Martinez et le patron du Medef, Pierre Gattaz, permettent à Valls de poser en homme du compromis.

A Matignon, les mots pour qualifier la CGT ont radicalement changé. Plus question de dire qu'un syndicat ne peut pas faire la loi. On note au contraire que «le sujet réel de préoccupation de M. Martinez sur le dumping social est loin d'être médiocre», tout en assurant que le texte contient toutes les garanties pour l'empêcher.

De son côté, le leader de la CGT dit que le retrait de la loi travail n'est plus «un préalable» et vante le compte personnel d'activité - une première depuis le début du conflit. «Martinez a remporté une partie de la partie, note un conseiller de l'exécutif. Il était inconnu, il est connu. Il a tenu la ligne dure décidée lors du congrès de Marseille en avril et la centrale s'est refait une santé médiatique» après la mauvaise passe sur l'affaire Lepaon. Mais Martinez réclame toujours le retrait de «quatre articles majeurs» : revenir sur la primauté de l'accord d'entreprise sur l'accord de branche, «le périmètre des licenciements collectifs», la question du référendum en entreprise et la médecine du travail. Soit, sur le fond, la même impasse que depuis trois mois.