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Stratégie

Christian Estrosi, un retrait en trompe-l'œil

Non-cumul des mandats oblige, le nouveau président de la région Paca va démissionner de son poste de maire de Nice. Mais c'est pour mieux devenir premier adjoint, et rester de fait le patron de la ville.
Christian Estrosi à Cavaillon, le 26 novembre. (Photo Arnold Jerocki pour «Libération»)
par Mathilde Frénois, correspondante à Nice
publié le 2 juin 2016 à 12h15

Dans un peu plus d’une semaine, Christian Estrosi (LR) ne sera plus maire de Nice. Elu président de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca) en décembre, et donc touché par le cumul des mandats, il est contraint de porter sa démission devant son conseil municipal, où il est élu depuis 2008. Désormais, il planifie d’y devenir… premier adjoint.

Une décision qui fait suite à un serment, répété maintes fois avant qu'il ne prenne les rênes de la région : «Je m'étais engagé à démissionner en cas de victoire aux élections régionales et je le ferai dans les délais permis par la loi, affirmait-il en décembre. Je tiens toujours mes promesses.» Une «promesse» qu'il aura tout de même mis plus de six mois à concrétiser, Christian Estrosi attendant la position du Conseil d'Etat sur les trois recours déposés contre son élection à la région. Les requêtes écartées depuis ce mercredi, son élection ne pourra plus être invalidée.

Président de la métropole

Mais sa démission reste un trompe l’œil. Plaçant Philippe Pradal (son actuel premier adjoint) à la tête de la ville, Christian Estrosi le remplacera à ce poste. Ainsi, il reprendra à sa charge les dossiers de finances, travaux, sécurité, transports, stationnement, circulation, voirie, et occupation du domaine public.

S’il ne sera plus sur le devant de la scène, l’élu reste indéniablement aux manettes de la politique niçoise. D’abord parce qu’il aura en charge les dossiers clés de la cinquième ville de France. Ensuite, parce qu’il est toujours président de la métropole Nice-Côte d’Azur, qui englobe la capitale azuréenne et 48 autres communes, 550 000 habitants et surtout 280 millions d’euros de budget pour gérer les transports, la voirie, l’assainissement et les logements.

Marine Brenier, sa protégée

Et même depuis les coulisses, Christian Estrosi guide la politique locale. Après avoir quitté son siège à l'Assemblée nationale en mars, il a propulsé devant les électeurs sa protégée, Marine Brenier. Il l'accompagne dans ses déplacements, pose à ses côtés sur les affiches de campagne et inscrit son nom dans la case suppléant. Quand dimanche, Marine Brenier devient la deuxième plus jeune députée de France, c'est Christian Estrosi qui prend la parole en premier devant son siège de campagne et ses militants. Lorsqu'elle s'exprime pour la première fois dans l'hémicycle, mardi, la parlementaire prône l'instauration de la reconnaissance faciale développée «à Nice, avec Christian Estrosi». Le député-maire démissionnaire est omniprésent.