Sur le front de la médecine de ville, la situation reste cocasse. Alors que s'éternisent les discussions sur la nouvelle convention médicale – l'assurance maladie annonçant que la consultation du généraliste pourrait passer à 25 euros (au lieu de 23 euros) – l'ordre des médecins a présenté, ce jeudi matin, sa nouvelle édition 2016 de l'Atlas de la démographie médicale. Il pointe des enjeux plus importants, avec une baisse spectaculaire à venir des généralistes, amplifiant une tendance de plusieurs années.
«Alors que le nombre de médecins en activité régulière reste stable, on dénote une augmentation constante du nombre de retraités, avec une baisse préoccupante du nombre de généralistes, premiers touchés par le nombre important de départs en retraite», constate l'ordre. Cette baisse pourrait se traduire «par la perte d'un médecin généraliste sur quatre sur la période 2007-2025».
Inégalités
Pour autant, cette diminution annoncée ne touche pas les régions de la même façon. L'Hexagone continue de présenter de fortes disparités territoriales, voire des inégalités qui s'accentuent : ainsi, dans les territoires de la façade Atlantique, dans la région Rhône-Alpes ou dans les zones frontalières (nord, est), les effectifs médicaux augmentent, alors que d'autres régions voient se combiner une densité médicale de plus en plus faible et un manque d'attractivité fort. Le Centre ou la Bourgogne sont «de plus en plus en souffrance». «Il existe aussi des territoires en souffrance y compris dans les départements et régions bien dotés, à l'instar de la Bretagne intérieure», ajoute le conseil de l'ordre. De fait, les mesures d'incitation, lancées par les gouvernements successifs, ne suffisent pas à inverser la tendance.
Quand on regarde les différentes spécialités, elles sont, elles aussi, variablement touchées. La psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent subit une chute spectaculaire, de près de 50% entre 2007 et 2016, suivie par la médecine du travail (baisse de 14,6%). Ces deux disciplines ne sont pas loin aujourd’hui d’être sinistrées.
Déserts
Les nouveaux médecins restent nombreux. En 2015, ce sont plus de 7 700 jeunes qui se sont installés, avec un âge moyen de 33,6 ans. 58% sont des femmes. A noter que plus de 11% d’entre eux viennent de l’extérieur de l’Union européenne.
La petite éclaircie vient d’une hausse des médecins remplaçants dans certaines zones en difficultés ; plus de 17% entre 2007 et 2016. Reste que cette éclaircie ne change pas le paysage général. Les déserts médicaux se consolident, voire se multiplient. Et cela, alors même que le nombre global de médecins reste élevé.