Enième ricochet de la polémique autour des «fan-zones» franciliennes pendant l'Euro : comme le rapporte le Point, Michel Cadot, le préfet de police de Paris, aurait demandé «la fermeture de la "fan-zone" tour Eiffel les jours de match au Parc des princes et au Stade de France, tout au moins jusqu'au 27 juin». Si la sécurisation de l'intérieur des fan-zones incombe aux sociétés privées contractées pour l'occasion (ces dernières ne se sont d'ailleurs pas privées de faire part de leurs inquiétudes), les abords du village festif du Champ-de-Mars, où sont attendues 90 000 personnes les jours de matchs, sont du ressort des services de police.
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Dans une note datée du 26 mai, le préfet de police de Paris estime que «les supporteurs antagonistes de deux équipes pourront difficilement être sectorisés pour les éloigner les uns des autres alors que la consommation d'alcool sera autorisée par l'intermédiaire d'un des sponsors officiels de l'Euro». Une quarantaine de buvettes seront en effet installées dans la fan-zone du Champ-de-Mars, en plus du grand pavillon dédié à la marque de bière danoise Carlsberg, partenaire de l'événement. Pour la préfecture de police, ses effectifs sont insuffisants les jours de match pour assurer simultanément la sécurité autour des stades et des périmètres fan-zones de Paris et Saint-Denis (d'une capacité de 10 000 spectateurs). Plus que le risque d'attentat, ce sont les faits de hooliganisme, pourtant déjà bien identifiés par la division de Beauvau dédiée aux supporteurs violents, qui motive la note de la préfecture. De par la réputation sulfureuse de leurs ultras, deux rencontres sont dans le viseur des autorités : Turquie-Croatie le 12 juin au Parc des princes et Allemagne-Pologne le 16 juin au Stade de France.
«Cette note s'inscrit dans le cadre d'échanges abondants entre Beauvau, la préfecture et la mairie pour l'ajustement du dispositif de la fan-zone. Le préfet est dans son rôle lorsqu'il réclame des moyens supplémentaires, mais c'est un peu moyen d'avoir fait fuiter la note en dehors de son contexte simplement pour ouvrir le parapluie et se couvrir au cas où», raille un policier au fait des discussions. Un discours alarmiste non sans arrière-pensées qui fait écho à celui des sociétés de sécurité privées, mais témoigne néanmoins d'une réelle fébrilité autour de l'événement, dans un contexte social et sécuritaire difficile.
Ces dernières semaines, plusieurs ténors de la droite, dont Nicolas Sarkozy, ont demandé la suppression des fan-zones, invoquant la menace terroriste. Manuel Valls puis Bernard Cazeneuve ont refusé de céder à la panique en les maintenant, tout en répétant que le dispositif pouvait être «modulé» ou suspendu à tout moment, en fonction des risques.