Les violentes crues qui frappent la France depuis le début de la semaine affectent, au-delà des riverains, de nombreux services et secteurs d’activité.
Transports
Et un de plus. Après le tronçon Paris-Versailles (ligne N) et les voies entre Moret et Montargis (ligne R, dans le sud de la Seine-et-Marne), c'est désormais la partie parisienne du RER C qui est fermée à la circulation des trains. Depuis jeudi 16 heures, les stations bordant la Seine dans la capitale sont fermées, dans l'attente d'une baisse du niveau du fleuve. «Les trains venant des terminus de la ligne C s'arrêtent à Javel d'un côté (ouest), à Austerlitz de l'autre (est), et Henri-Martin au nord», a précisé Alain Krakovitch, directeur général de Transilien. «Il faut vraiment se mettre dans l'idée que le retour à la normale sera plutôt en début de semaine prochaine», a prévenu Didier Bense, directeur général SNCF-Réseau pour l'Ile-de-France. Or, la montée du niveau de l'eau se traduit déjà par des infiltrations et si les prévisions se confirment, avec un pic, vendredi, à 5,90 m, l'eau envahirait le tunnel du RER, qui transporte tous les jours 500 000 passagers. Le trafic est très perturbé sur plusieurs lignes franciliennes, notamment dans l'est de l'Ile-de-France, avec des ralentissements sur certaines portions à 10 ou 40 km/h. Les TER et Intercités vers Chartres, Granville et Nevers sont aussi perturbés.
Electricité
Environ 21 700 foyers restaient privés d’électricité jeudi après-midi dans le Loiret et en Ile-de-France. La Seine-et-Marne était le département le plus touché, avec 9 200 clients sans courant, contre 6 400 foyers dans l’Essonne et 1 100 dans les Yvelines. Dans la région Centre, 5 000 foyers étaient sans électricité jeudi après-midi, dont 3 000 à Montargis (Loiret).
Musées
Le Louvre ferme ses portes ce vendredi par mesure de précaution, le seuil de la Seine ayant dépassé la limite de 5,08 m. Le musée, situé en zone à risque, a ainsi préventivement déclenché son Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI). Le département des Arts de l’islam a également fermé à la mi-journée et une foule de touristes était aiguillée vers la sortie dès 17 h 30. Des agents du musée ayant déjà pratiqué des exercices d’évacuation sont désormais mobilisés pour déplacer les quelque 250 000 œuvres conservées en sous-sol, en réserves «inondables», vers les étages, indique le musée.
De l’autre côté du fleuve, suivant la procédure du plan Sequana - mesures de vigilance pour une gestion de crise en cas de crue majeure - le musée d’Orsay a également annoncé une fermeture vendredi. En mars, un exercice de simulation de grande ampleur y était répété par la préfecture de police. Orsay, qui était encore jeudi au seuil de vigilance, passe désormais le seuil d’alerte, fixé à 5,20 m, impliquant la mise en place d’une cellule de crise. Dans le sous-sol du musée se trouvent des réserves dites «de transit», avec quelques œuvres qui devraient être déplacées en conséquence.
En aval, le Petit Palais restait jeudi en fin de journée «en alerte». «On surveille ça de très près», précise-t-on. A Beaubourg, on se félicite que les réserves aient été déplacées il y a une dizaine d'années dans le nord de Paris. S'il y a bien encore deux sous-sols situés sous celui accessible au public, des travaux ont été réalisés pour éviter la remontée d'eau. Même écho au Quai Branly, proche du Pont de l'Alma, où le plan de prévention des risques d'inondation est fixé à 7,30 m. «Compte tenu des protections architecturales (batardeaux mis en place aux différentes entrées du jardin), le bâtiment est par ailleurs censé être protégé jusqu'à une hauteur de 8,92 m». Soit au-dessus du niveau de la crue de 1910.
Trafic fluvial
Les péniches à proximité de la capitale sont quasiment toutes à quai, le trafic étant très perturbé sur le bassin de la Seine (le fleuve et ses affluents). Les voies sont en partie fermées sur l’Yonne, la Marne et sur la Seine elle-même. A Paris, les bateaux sont interdits entre le bassin de l’Arsenal et le pont de Grenelle.
Des fermetures qui auront un impact économique. Trente-cinq bateaux circulent en moyenne dans Paris tous les jours et transportent 20 000 tonnes de marchandise, essentiellement des matériaux de construction, des céréales ou des déchets. Quant aux croisières franciliennes, concentrées à 90 % sur Paris, elles concernent 150 000 passagers par semaine.