L’incendie accidentel survenu lundi dans un immeuble de la rue Paul-Eluard, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), suscite évidemment de la tristesse, mais aussi de la colère et des interrogations chez les habitants et les élus de la commune. En cause, la vétusté des équipements, notamment le circuit électrique, et nombre de dysfonctionnements au sein du bâtiment.
Cinq locataires ont perdu la vie dans les flammes. Parmi eux, une mère et ses trois enfants. Douze personnes, dont trois pompiers, ont été gravement blessés. Le commandement des pompiers s'est dit impressionné par «l'intensité et la rapidité de cet incendie», rapportait ce mardi matin Stéphane Peu, l'adjoint au maire (PCF) en charge du logement. «C'est le plus meurtrier depuis 2001 à Saint-Denis.»
«Fils électriques»
Les habitants, eux, s'interrogent : ce drame aurait-il pu être évité ? Certains pointent l'état «d'insalubrité» du bâtiment. Insalubrité qui «aurait dû être déclarée depuis longtemps», raconte une femme. «Plusieurs fenêtres étaient cassées, il y avait de l'eau et des rats dans les caves. L'escalier était en bois et très abimé, la plupart des locataires y déposaient leurs vieux meubles. C'est pour cela que la cage d'escalier s'est vite effondrée, cela a compliqué l'intervention des pompiers, explique Marie-Sandrine, une ancienne habitante de l'immeuble, qui dit avoir déménagé il y a deux ans pour cette raison. J'avais fait une demande auprès de la mairie pour faire constater l'insalubrité de l'immeuble, mais je n'ai jamais reçu de réponse.»
Présent sur place toute la matinée, Stéphane Peu tente de tempérer la colère des habitants. Pour lui, la municipalité n'a pas fait preuve de négligence. «D'après les chiffres du ministère du Logement, Saint-Denis est l'une des communes les plus efficaces en matière de lutte contre l'insalubrité», a-t-il plaidé lors d'une conférence de presse.
Mais, sans être déclaré insalubre, le bâtiment était indéniablement vêtuste. «Regardez les fils électriques qui sortent juste à côté des fenêtres ! Certains habitants faisaient sécher leur linge à leur balcon, c'était super dangereux», s'énerve Marie-Sandrine. Ce que ne nie pas le maire de la ville, Didier Paillard : «Selon le syndic de l'immeuble, le réseau électrique était effectivement défaillant, il nous avait déjà fait parvenir une demande de subvention.» Demande qui n'avait visiblement pas abouti. L'élu a également souligné les «dysfonctionnements internes» au bâtiment qui pourraient avoir favorisé le risque d'incendie. La copropriété avait été «placé sous administration judiciaire il y a quelques années, avant de réintégrer le système normal de copropriété en 2015». Autres problèmes : parmi les 17 appartements de l'immeuble, l'un d'eux était habité par des squatteurs, les deux commerces présents dans l'immeuble accusaient des retards pour le paiement des charges et certaines caves abritaient des trafics.
Si la vêtusté a pu favoriser le feu, l'origine du sinistre demeure inconnue. La piste accidentelle semble envisagée. Selon une source policière citée par l'AFP, l'hypothèse d'un feu de cuisine est privilégiée à ce stade. Le laboratoire des pompiers de Paris n'aurait trouvé aucune trace de carburant. L'enquête a été confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis. Les occupants de l'immeuble sont hébergés à titre provisoire à l'hôtel. Une cellule d'accompagnement social et psychologique a été mise en place.