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Libération
Gauche en chantier

Aubry se rappelle au bon souvenir de Valls et Hollande

La maire de Lille lance une invitation à participer à une université d'été à Montpellier fin août.

Martine Aubry le 14 janvier 2016 à Lille (Photo FRANCOIS LO PRESTI. AFP)
Publié le 08/06/2016 à 16h45

C'est un peu la renaissance de Renaissance. Sur le modèle du collectif qu'elle avait lancé à l'hiver 2013 pour «nourrir le débat politique», Martine Aubry relance la réflexion collective, avec pour ambition de réparer la gauche et préparer l'avenir. Rien de moins. Le texte est prêt depuis deux semaines et ses proches, François Lamy et Jean-Marc Germain, mettent la dernière main à la liste des invités. Christiane Taubira, mise dans la boucle, réserve sa réponse pour l'instant. Députés socialistes, écologistes, Cécile Duflot, Daniel Cohn-Bendit, chercheurs, intellectuels, syndicalistes font partie de la liste des éventuels participants à cette invitation qui sera formalisée avant le conseil national du PS du 18 juin. Les frondeurs socialistes «comme toute la gauche» sont les bienvenus, assurent les organisateurs.

«Ce n'est pas une chapelle ou une écurie présidentielle de plus, explique François Lamy. D'ailleurs, les signataires ne soutiendront peut-être pas le même candidat l'an prochain. Il s'agit de lancer pour de bon deux chantiers lourds : réinventer la politique et la gauche.» Ils font d'une pierre quatre coups, puisque leur mouvement a aussi le mérite de prévenir Manuel Valls que les aubrystes seront sur sa route dans la future recomposition du parti, le tout en faisant mariner François Hollande sur leur éventuel soutien présidentiel.

Voyant décidément très grand, ce nouveau groupe de réflexion et de travail – entre «think-tank» et «do-tank», le terme qu'affectionne Martine Aubry – organisera une université d'été les 23 et 24 août à Montpellier. L'événement viendra rythmer la rentrée socialiste, entre la fête de la Rose de Frangy-en-Bresse d'Arnaud Montebourg et les journées d'été de la Belle alliance populaire (BAP) à Nantes, sous la houlette de Jean-Christophe Cambadélis. Comme le rassemblement inventé par le patron du Parti socialiste, l'appel de Martine Aubry entend dépasser le parti via le mouvement associatif et syndical. «Qu'on gagne ou qu'on perde, la gauche est en miettes en 2017. On a besoin de vraiment bosser», confie un député.

Arriver plus musclés à la rentrée

A moins d'un an de la présidentielle, les grandes manœuvres pour l'après-2017 s'intensifient au sein de la majorité de la majorité, où tous les ténors ont lancé leur initiative. Pour valoriser le bilan, se mettre en ordre de bataille, peser sur le futur programme et, accessoirement, les futures investitures aux législatives. Entre «Hé oh la gauche», piloté par le hollandais Stéphane Le Foll, les «rencontres avec les Français» de Manuel Valls, la campagne du groupe socialiste à l'Assemblée «Du progrès en plus». Tous se retrouveront le 2 juillet pour un grand meeting à Paris, histoire d'offrir l'image d'une gauche de gouvernement rassemblée. Au départ, les Aubrystes voulaient d'ailleurs tenir leur réunion fondatrice le même jour, avant de se donner l'été pour recruter et arriver plus musclés à la rentrée.

Mi-mai, les proches de la maire de Lille à l'Assemblée ont refusé de signer la motion de censure préparée par les frondeurs socialistes contre le gouvernement Valls, faisant échouer l'opération au grand soulagement de François Hollande. «Il leur doit une fière chandelle et il ne sait», explique un visiteur du soir de l'Elysée. «Nous n'avons pas sauvé Hollande», dément Lamy qui estime qu'il «manquait une dizaine de frondeurs historiques dans la liste des signataires». Deux semaines plus tard, Martine Aubry déjeunait cependant avec le Président. L'occasion d'un rabibochage officiel ? «Les aubrystes ne peuvent pas toujours être perdants», recommande un ami du chef de l'Etat. Las, l'ancienne ministre du Travail a surtout expliqué tout le mal qu'elle pensait de la loi El Khomri et de l'emploi du 49.3. Mais, selon un de ses proches, «elle n'a absolument pas prononcé le nom de Manuel Valls». On est prié de le croire.