Menu
Libération
Analyse

Macron : des faux pas qui se payent cash

Selon un sondage de l'Ifop pour «le Figaro», l'ambitieux ministre de l'Economie perd de sa superbe dans l'opinion. En particulier à gauche.
Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique lors du discours aux forces économiques et créatives du territoire à l'invitation de Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon. Lyon, France, 2 juin 2016
publié le 8 juin 2016 à 18h04

Se rendre irrésistible dans l'opinion au point d'être incontournable en cas d'empêchement de François Hollande pour 2017. Quitte à devoir un jour quitter le gouvernement. Telle semblait être l'option d'Emmanuel Macron. Pourtant, à la vue du dernier sondage Ifop pour le Figaro, il peut se demander si sa vitrine ne reste pas plus attractive en restant au sein du gouvernement plutôt qu'en prenant le risque de faire sa vie hors de Bercy. Sur le mode : «on sait ce qu'on perd, mais on ne sait pas ce qu'on gagne.»

Depuis qu'il semble passer au moins autant de temps à travailler à son destin qu'à son bilan de ministre, la multiplication des polémiques autour de ses faits et gestes – on pense à l'épisode du «costard» à Lunel, à sa sous-déclaration de patrimoine lui permettant de se soustraire à l'ISF, mais aussi à l'œuf qui lui a été jeté lors d'un déplacement cette semaine à Montreuil – est venue largement flétrir son image dans l'opinon. Et compliqué son équation personnelle. Car s'il cherche à truster le même crédo «moderne» et «pro-entreprise» que celui de Manuel Valls, à quelques nuances près, c'est en incarnant la figure du ministre successfull et souriant quand le Premier ministre est d'une nature plus martiale et anxiogène. Ces dernières semaines, c'est un Macron maître ès victimisation qui a multiplié les faux pas, en marche mais tendu. A court terme, il les paye cash, sur fond de procès en mépris de classe, en manque d'exemplarité fiscale et en manque de sang-froid sur le terrain.

Selon un sondage Ifop pour le Figaro, la cote de sympathie du ministre s'en retrouve nettement écornée, tandis que son crédit à gauche, déjà faible, s'effondre. Si 63% des Français le jugeaient «compétent» dans la même étude réalisée il y a deux mois, ils ne sont plus que 57% à l'affirmer en juin. En terme de «sympathie», il recule pareillement de 63% à 54%. Un tassement qui s'explique d'abord par un fort décrochage chez les sympathisants PS, que Macron a heurté en profondeur : 15 points de baisse sur le plan de la «sympathie» et 14 points pour ce qui est de sa capacité supposée à «sortir le pays de la crise» (45%). Et alors que les ambitions présidentielles du jeune ministre de 37 ans sont un secret de polichinelle, les sympathisants PS sont à peine 36% à le juger «capable de rassembler les Français», soit une baisse notable de 23 points. Dans le même temps, sur un autre item qui n'a rien de secondaire quand on vise l'Elysée, c'est sa proximité avec les préoccupations des Français qui est abîmée : les socialistes ne sont plus que 30% à l'en créditer, soit là-encore une chute de 23 points. Tout sauf anecdotique.

Enfin, cette étude vient confirmer la popularité «à la DSK» d'Emmanuel Macron, lequel, plus que jamais, séduit en premier lieu à droite. Même si François Hollande et Manuel Valls sont toujours au fond du trou sondagier, cela est loin d'offrir mécaniquement un boulevard pour 2017 à l'ambitieux ministre.

publié par