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Libération

Pour être greffé d’un rein, mieux vaut vivre à Poitiers et avoir bac +5

Publié le 08/06/2016 à 20h31

En France, on voue une passion formelle pour l'égalité. Patatras, l'Institut national d'études démographiques a rendu public mercredi un travail sur «les maladies rénales et les inégalités sociales d'accès à la greffe» qui sonne comme un terrible contre-exemple : on a presque deux fois moins de chances d'être greffé d'un rein si on n'a pas fait d'études supérieures…

Revenons au point de départ : près de 76 000 personnes sont traitées pour une insuffisance rénale terminale, soit par dialyse soit par une greffe de rein. La première est pénible, chère et ne s’arrête jamais. Mais à peine 45 % des patients qui en ont besoin sont greffés. Parce que le milieu de la néphrologie a défendu la dialyse pendant des années pour des raisons pas toujours avouables, se montrant réservé vis-à-vis de la greffe pourtant moins chère et qui fonctionne longtemps. Une aberration économique : la prise en charge revient à plus de 4 milliards d’euros par an, dont 82% rien que pour la dialyse.

L’étude présentée mercredi montre que se rajoute une inégalité sociale choquante : si vous avez un niveau d’études équivalent à un master, vous avez presque deux fois plus de chances d’être greffé que si vous vous êtes arrêté au primaire. En cause, la nature des pathologies rénales pas toujours la même dans les deux groupes sociaux. Surtout, il ressort que les premiers ont les moyens de se défendre et d’influer sur leur prise en charge. Pour la même raison, les greffes à partir de donneurs vivants sont d’abord le fait des classes supérieures.

La liste d’attente pour être greffé rétablit presque l’égalité. Sauf que la région du patient fait varier les délais. Pour résumer : si vous vivez à Poitiers et avez un niveau master, alors là vous serez greffé sans trop attendre. Drôle de démocratie sanitaire.