Vincent, gérant d'un café-restaurant situé près de la rue de Caumartin est circonspect : il ne sait pas si les supporteurs vont affluer ce vendredi soir dans son établissement pour le match France-Roumanie. «Impossible de savoir si les gens viendront. Ça fait six mois qu'il n'y a plus de touristes à cause des attentats […], et puis les gens sont excédés par toutes les grèves, les inondations… Ce ne sera pas la même chose qu'en 1998, s'agace-t-il. La terrasse sera ouverte, mais nous retransmettrons le match à l'intérieur.» Côté sécurité, Vincent dit ne pas avoir pris de mesures spécifiques : «Nous n'avons pas reçu de consignes de sécurité particulières de la Mairie de Paris. Que voulez-vous faire ? Je ne vais mettre des militaires devant ma porte, dit-il en riant. Je fais confiance aux forces de l'ordre.»
L'optimisme semble davantage au rendez-vous dans les bars sportifs. «On attend beaucoup de monde. Le vendredi soir, de manière générale, la clientèle est nombreuse», explique Valentin, le manager du O'Sullivan, pub sur deux étages qui accueillera très probablement une partie des 60 000 Irlandais attendus à Paris pour cet Euro. Son enseigne a même passé un partenariat avec des clubs de supporteurs. «Après les attentats, c'est un moyen de redynamiser notre activité.»
De ce côté du boulevard, la grève des éboueurs pour protester contre la loi travail, qui touche dix arrondissements parisiens, ne pose pas non plus de problème : «Les poubelles ont été ramassées ce matin. Tant mieux. Cela faisait tache vis-à-vis des touristes.» Même état d'esprit pour Marc, l'un des responsables du Corcoran's Irish Pub, pour qui le mois de mai a été «très mauvais» et qui «compte bien sur l'Euro pour remonter la pente».
Dans les pubs du boulevard Montmartre, il y aura plus d'écrans, plus de monde, et donc un léger renforcement des dispositifs de sécurité. «En temps normal, on a quatre vigiles. Pour l'Euro, ils seront six», explique Valentin qui n'a pas attendu des consignes de la Mairie ou de la préfecture pour mieux sécuriser son établissement. Mais il reconnaît que son dispositif est davantage destiné à encadrer l'afflux de supporteurs qu'à faire face à une éventuelle attaque terroriste : «On ne pense pas à ça. On est là pour travailler, l'ouverture de la terrasse n'est pas source d'angoisse. Après les attentats du 13 Novembre, les bars se sont vidés pendant un mois, mais depuis, ça va beaucoup mieux», ajoute-t-il. La menace de supporteurs «ultras» n'inquiète pas non plus : «Nous ne sommes pas familiers de ce type de supporteurs, et de toute façon, nos vigiles les reconnaissent et ne les laissent pas entrer.»
Le Carillon, touché par les derniers attentats, retransmettra également les matchs, «comme tous les ans», a précisé l'un des responsables.