La défaite sera dangereuse… pour les vainqueurs. Au fur et à mesure que l’Etat islamique perd des positions sur le terrain, il intensifie les appels au meurtre dans les pays qu’il désigne pour cibles. Ainsi ce sont des individus seuls - mais reliés à l’EI par des contacts épisodiques ou bien par Internet - qui passent à l’acte sous l’influence de ces porte-parole criminels. Une forme de terrorisme de proximité, difficile à prévenir et à combattre, se développe sous nos yeux. Il a abouti, cette fois, à l’assassinat barbare d’un couple de policiers en présence de leur enfant de 3 ans. Beaucoup de spécialistes ont pointé ce paradoxe, qui inquiète logiquement les services de sécurité : les revers successifs essuyés par les islamistes en Irak, en Syrie ou en Libye accentuent encore la virulence et la fréquence des objurgations diffusées sur les réseaux par les responsables terroristes. Stratégie largement suicidaire : jusqu’à présent, les attentats perpétrés hors des zones de combat ont élargi la coalition anti-EI et renforcé la détermination des nations confrontées au défi de la terreur. Il est malheureusement peu probable que ce mécanisme s’enraye à court terme. Plus l’EI se sentira en difficulté, plus il tentera de démontrer sa force à l’extérieur en suscitant la sanglante dissémination des meurtres artisanaux, à certains égards d’autant plus angoissants pour la population. La stratégie globale des assassins, maintes fois explicitée, consiste encore et toujours à creuser autant que possible le fossé entre les nations ciblées et leur minorité musulmane, dans l’espoir fou de déclencher une guerre civile plus ou moins larvée entre communautés. Et comme toujours depuis le début de cette crise, la seule réponse sensée consiste à tenir bon, en distinguant entre la frange terroriste, son terreau intégriste, et la masse des citoyens de culture musulmane qu’on voudrait faire passer pour des complices et qui sont avant tout des victimes, comme le sont les populations musulmanes qui ont le malheur de tomber sous la férule des fanatiques.
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