Il y a eu beaucoup de monde, mais pas autant qu'espéré. Pourtant, pour Eric Beynel, porte-parole de l'union syndicale Solidaires, la manifestation parisienne de mardi est une «réussite». Preuve que le «mouvement social est en pleine forme». Côté chiffres, l'intersyndicale opposée au texte annonce plus d'un million de manifestants dans la capitale où, pour la première fois depuis le début du mouvement, les centrales «contestataires» s'étaient donné rendez-vous pour une mobilisation nationale. Près de 600 cars avaient été réquisitionnés selon les syndicats, qui recensaient aussi 300 000 manifestants dans les autres villes.
«Aucun défaitisme» La préfecture de police, elle, compte environ 80 000 manifestants à Paris (contre 19 000, le 26 mai). Ce qui en fait, sans surprise, le défilé parisien le plus important contre la loi travail depuis quatre mois. «Un net rebond de la mobilisation», se félicite FO. Mais l'objectif de Philippe Martinez (CGT), qui avait prédit une mobilisation «énorme», dépassant le pic national du 31 mars (390 000 personnes, selon les autorités, 1,2 million d'après les organisateurs), n'est pas atteint selon le ministère de l'Intérieur, qui a dénombré 125 000 manifestants dans toute la France. «On misait sur une participation massive. Là, c'était vraiment une grosse manif. Surtout, il n'y a aucun défaitisme dans les rangs, bien au contraire», s'enthousiasme quand même Beynel, qui décrit un cortège «dynamique, motivé, large est unitaire». «C'est une belle manifestation avec des salariés déterminés à aller jusqu'au bout pour obtenir le retrait du texte. Après quatre mois, nous avons fait la démonstration que nous sommes majoritaires et que nous avons l'opinion publique avec nous», abonde Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT.
«Tout est ouvert» Seule ombre au tableau pointée par les syndicats : les blessés liés aux violences qui ont émaillé le cortège (lire ci-contre), obligeant le carré de tête à quitter les rangs avant d'atteindre les Invalides, point d'arrivée de la manifestation. La faute, selon la CGT, au gouvernement. «Les pouvoirs publics auraient pu faire en sorte d'empêcher les casseurs de nuire aux manifestants. On parle juste d'une poignée d'individus, c'est facile de les circonscrire, si on veut», s'agace Catherine Perret.
Deux dates ont déjà été annoncées par les syndicats : les 23 et 28 juin. Au programme : rassemblements, manifestations et interpellations de parlementaires. «La mobilisation va aussi se poursuivre avec la votation citoyenne lancée au début du mois, pointe Beynel. Ensuite, tout est ouvert.» Pour la CGT, qui doit rencontrer la ministre du Travail le 17 juin, «la balle est maintenant dans le camp du gouvernement».