Christiane Dupart ne s'attendait pas à autant de réponses. En un peu plus de deux semaines, 6200 femmes ont répondu au questionnaire sur le harcèlement sexiste dans les transports publics. «J'en espérais autour de 2000, pas plus», dit cette responsable de la Fnaut, principale association d'usagers des transports en commun, en charge de cette étude, rendue publique mercredi. Et que disent ces femmes ? 87% d'entre elles affirment avoir été victimes de harcèlement dans les transports au moins une fois dans leur vie. «Cela prouve à quel point c'est prégnant dans leur vie quotidienne.» Ce chiffre vient confirmer des études précédentes et montre que le phénomène ne faiblit pas. Quelques chiffres sont inquiétants. Par exemple, pour 55% des femmes harcelées, il s'agissait d'un groupe d'hommes. Si 36% disent avoir été victimes d'injures ou de menaces, un nombre plus important (40%) a coché la case «agressions sexuelles» (baisers forcés, mains aux fesses, frottements…). «Cette situation est d'autant plus intolérable qu'une grande part de ces déplacements ne constituent pas un choix, mais des trajets jusqu'au travail, l'école des enfants, l'université…», précise l'étude.
Ces violences ont une influence sur leurs comportements. «48% adaptent leur tenue vestimentaire, 54% évitent de se déplacer en transports publics à certaines heures et 34% recourent à l'utilisation d'autres moyens de transport tels que le vélo, le taxi ou le véhicule personnel», est-il écrit dans l'étude. Dans le formulaire de l'étude, certaines femmes sondées ont également décrit leurs stratégies d'évitement : ne pas se tenir à la barre centrale, repérer les coins, s'asseoir dos à une cloison, etc. «Nous avons eu surtout beaucoup de remerciements, précise Clélia Laurent, membre de la Fnaut. Elles étaient contentes qu'on parle de ce sujet.»
A l'occasion de cette publication, la fédération a réitéré ses propositions : une meilleure formation des agents, que ce soit pour repérer certaines agressions dites furtives ou pour accompagner et soutenir les victimes - une formation inscrite dans la loi Savary récemment adoptée. Une simplification de la procédure de plainte - selon l'étude, seulement 2% des femmes harcelées se rendent au poste de police. Ou une prise en compte des besoins des femmes pour l'adaptation des transports publics - comme par exemple les arrêts à la demande dans les bus.