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Billet

Mélenchon devant Hollande : et après ?

Jean-Luc Mélenchon en conférence de presse ce mardi à Paris. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 15 juin 2016 à 19h21

Est-ce vraiment une surprise ? Selon une étude BVA publiée mercredi (1), Jean-Luc Mélenchon ferait a minima jeu égal avec François Hollande au premier tour de la présidentielle, si celle-ci «avait lieu dimanche prochain». Mais davantage que la dynamique, toute relative malgré un contexte social a priori porteur, du candidat de la «France insoumise», cette réalité sondagière vient d'abord illustrer la faiblesse aussi abyssale qu'historique du locataire de l'Elysée. Lequel est encore écarté du second tour dans tous les cas de figure - certaines configurations ajoutant l'insulte (une quatrième position) à l'offense.

Loin de nous l'idée de nier la hausse de Mélenchon (+ 2 points chez BVA). Mais ces intentions de vote restent toutefois inférieures aux enquêtes les plus prometteuses à son égard en 2012. Et au-delà de cette inversion, ou au moins de cet équilibrage, du rapport de force à gauche, le cofondateur du Front de gauche, désormais en congé des «vieux» partis, ne rend pas plus crédible les chances d'une victoire de la gauche en 2017. Même en devançant ce chef de l'Etat qu'il honnit, il ne se trouve pas pour autant aux portes de l'Elysée. Loin de là. Mais on a du mal à imaginer où, et surtout comment, l'un des deux principaux candidats de la gauche pourrait trouver les voix qu'il lui manque pour avoir une chance de figurer dans un second tour où le candidat de la droite, quel qu'il soit, et la candidate du FN, semblent avoir un rond de serviette assuré.

La campagne, a fortiori quand celle-ci n’a même pas commencé, ne remplace pas le scrutin, mais les chiffres sont sévères. Avec un Juppé candidat (36 %, - 2 points), Hollande et Mélenchon recueillent chacun 14 % des intentions de vote, autrement dit moins à eux deux que le maire de Bordeaux tout seul ! 15 % si Le Maire (19 %) devait porter la casquette LR. Face à Sarkozy (21 %) ou même Fillon (19 %), le chef de l’Etat plafonnerait à 13 %, devancé par l’eurodéputé Front de gauche (14 %). Dans ce contexte famélique à gauche, Juppé apparaît toujours comme le seul capable d’empêcher Le Pen (de 28% à 29 %) de virer en tête du premier tour.

Alors que Valls, ou plus encore Macron, décrochent eux aussi dans les sondages, ne laissant pas augurer une alternative social-libérale plus bankable dans les urnes, il faut entendre l'eurodéputé écolo Yannick Jadot (pro-Hulot) prédire que «la gauche va disparaître pendant au moins dix ans». L'avenir comme le pire ne sont jamais certains, mais ce sombre oracle doit être pris au sérieux. D'autant plus que certains semblent espérer «recomposer» sur des cendres.

(1) Sondage BVA-Salesforce avec Orange, réalisé par Internet du 10 au 12 juin auprès d'un échantillon de 910 personnes inscrites sur les listes électorales.