Président du parti Les Républicains (LR) et candidat présumé à la primaire de droite : la double casquette de Nicolas Sarkozy agace fort ses concurrents, qui y voient une rupture d'égalité. Deux d'entre eux, Hervé Mariton et François Fillon, avaient d'ailleurs saisi mercredi la haute autorité pour la primaire de droite, chargée de faire respecter les règles de la compétition. Leur grief : candidat presque certain, mais pas encore déclaré, Nicolas Sarkozy ferait campagne aux frais du parti – alors que la participation à la primaire lui imposerait de démissionner de ses fonctions.
Tenue de se prononcer sous quarante-huit heures, la haute autorité – une institution indépendante composée de cinq membres – a publié ce jeudi un communiqué par lequel elle «recommande aux candidats à la candidature de distinguer aussi clairement que possible l'action qu'ils mènent dans le cadre du parti de celle qu'ils mènent dans le cadre de cette candidature». La haute autorité rappelle en outre que les dépenses du futur candidat LR à la présidentielle, même engagées à l'occasion de la primaire de droite, sont susceptibles d'être intégrées par la suite à ses dépenses de campagne présidentielle.
Non contraignant, l'avis de cette autorité n'oblige pas Nicolas Sarkozy à démissionner dès maintenant de la présidence de LR. Il augmente toutefois une pression que se chargent d'entretenir ses concurrents, tel Alain Juppé, pointant récemment le «problème éthique et moral» posé par la situation de l'ex-chef de l'Etat. Contacté par Libération, Hervé Mariton, lui aussi candidat déclaré, se satisfait également des recommandations de l'autorité : «Il est sage de sa part de poser les choses ainsi alors qu'elle aurait aussi pu se déclarer non compétente. Il y a une grande hypocrisie dans la situation, puisque Nicolas Sarkozy a dit qu'il avait déjà décidé s'il serait ou non candidat, et que son propre site le présente comme tel. Il s'agit donc d'un avertissement sérieux et je souhaite qu'il soit compris comme tel.»