Vingt-cinq degrés à l'ombre et un sourire impeccable malgré une moiteur à couper au couteau. Il n'y a pas à dire, Jean-François Copé, candidat déclaré à la primaire de la droite, paye de sa personne pour «venir à la rencontre des Français d'Israël». Mercredi soir, sur le toit de l'Institut français de Tel-Aviv, une centaine de fidèles – majoritairement des personnes d'âge mûr – s'étaient en tout cas déplacés pour l'entendre défendre son programme présidentiel pendant plus d'une heure.
«Vous pensez qu'il a des chances ?» interrogeait une dame un peu trop parfumée résidant en Israël depuis un an. «Oooh, ça ! Il aura du mal, s'il est élu, madame. La France est tombée tellement bas», lui a répondu sa voisine permanentée.
Deux ans après François Fillon venu discourir de «la France face aux défis du Proche-Orient» au Collège académique francophone de Netanya et huit mois après Bruno Le Maire, qui avait profité de l'occasion pour plaider en faveur d'une offensive terrestre internationale contre Daech, le député et maire Les Républicains (LR) de Meaux a donc entamé lui aussi son pèlerinage électoral en Terre sainte. Une étape obligée pour tout candidat à la primaire de la droite, puisque Nicolas Sarkozy y avait recueilli 80,5 % des suffrages au premier tour de l'élection présidentielle de 2012, et 92,8 % au second.
Le programme du premier jour de la tournée de Copé était chargé : visite de la Vieille-Ville de Jérusalem, passage par la Knesset (le Parlement), rencontre avec Yaïr Lapid (leader du parti centriste d’opposition Yesh Atid) et avec le ministre de l’Education national, Naftali Bennett (extrême droite), et pour finir – cerise sur le gâteau –, soirée en présence de Bernard-Henri Lévy, avec lequel il doit participer ce jeudi à un débat à la Conférence d’Hertzliya, une sorte de Forum de Davos axé sur la géostratégie, le terrorisme et la sécurité.
«Les gauchistes» et «l'anti-France»
Sur le toit de l'Institut français, le candidat à la candidature de la droite n'a en tout cas pas mâché ses mots pour dénoncer le «manque de leadership» en France. «A force de reculades successives, nous sommes devenus un pays qui cogère les problèmes avec les minorités hurlantes au lieu de les résoudre», a-t-il asséné. Et de dénoncer les lenteurs administratives et les «procédures législatives trop longues», avant d'assassiner la CGT et Nuit debout, «ces gauchistes qui incarnent l'anti-France».
Le public boit du petit lait. Mais ce qui l'intéresse avant tout, c'est la position du candidat à l'égard du conflit israélo-palestinien. «Allez-vous inverser la politique pro-arabe de la France ?» interroge un quidam. «Que ferez-vous pour empêcher le partage de Jérusalem en deux capitales ?» demande un autre angoissé. Tout en maestria, Copé les rassure : «Vous savez que je suis un ami de longue date d'Israël. J'affirme ici ma détermination absolue à ne rien faire qui puisse porter atteinte à ce pays qui est un modèle à tous égards.» L'assemblée est aux anges. D'autant que Copé s'engage à «déterminer en personne la politique du Quai d'Orsay, comme celle des autres ministères».
Car s'il s'affiche comme le candidat d'une droite décomplexée, le député et maire de Meaux veut aussi imposer l'idée qu'il serait un «président qui décide» : «Je convoquerai les hauts fonctionnaires, leur donnerai mes instructions et veillerai à ce qu'ils les appliquent», promet-il à l'auditoire conquis. «Il faut remettre du commandement dans notre pays, et je le ferai.» La France est sauvée.