Le first best («premier choix») de Jean-Christophe Cambadélis reste donc une «primaire de toute la gauche», a donc déclaré, à la veille d'un conseil national de son parti sur le sujet, le premier secrétaire du Parti socialiste. Soit. Mais en affirmant mercredi, pour la première fois publiquement, que la convocation d'un «congrès extraordinaire» du PS pour changer les règles de désignation du candidat à la présidentielle était désormais une «possibilité», le patron des socialistes engage les siens sur une voie bien incertaine.
C'est une chose de constater, à juste titre, que les partenaires (communistes, écologistes) refusent de participer - comme en 2011 - à une primaire «de toute la gauche» parce qu'ils refuseraient de soutenir François Hollande si le président sortant venait à l'emporter. C'en est une autre de priver ses propres militants et sympathisants du droit de choisir leur représentant pour 2017. Comment expliquer, d'un côté, qu'il faille «moderniser les pratiques politiques» et, de l'autre, changer les règles démocratiques internes à moins d'un an de l'échéance présidentielle ? Cela donnerait l'occasion aux socialistes qui ne veulent pas de Hollande d'aller soutenir un autre candidat. Plutôt que «l'union», Cambadélis déclencherait alors la «clarification» chère à Manuel Valls. Donc la «scission». Certes, la direction du PS objectera que le congrès du parti est «souverain» pour décider de ses propres règles. Faisons alors une proposition : puisque la «primaire citoyenne» concernait militants ET sympathisants de gauche, pourquoi ne pas organiser très vite un référendum pour demander à ce fameux «peuple de gauche» qui a participé à la désignation du candidat socialiste en 2011 s'il veut une primaire ou s'il laisse le PS revenir à ses anciennes règles ?
En choisissant, en 2010, ce mode de désignation ouvert et transparent, les socialistes avaient fait le choix de l'innovation politique. Ils n'ont jamais su - voulu ? - le décliner au niveau local, mais ils avaient fait un pas vers une «démocratie nouvelle». Ses militants en étaient même fiers. Si le choix est pris de revenir en arrière - alors que Hollande lui-même avait ironisé avant 2012 sur un Sarkozy qui ne voulait pas se soumettre à l'exercice -, le Parti socialiste apportera alors la preuve qu'il est incapable d'imaginer un autre monde démocratique.