Il a 11 ans et il a été mis en examen pour tentative d'assassinat après avoir poignardé l'un de ses camarades d'école, à Vénissieux (Rhône). Entendu par la brigade de protection des familles de Lyon, l'élève de CM2 a «admis la matérialité des faits» , indique une source judiciaire. Il a été placé dans une famille d'accueil, afin d'éviter tout contact avec l'entourage de la victime des coups de couteau, âgée de 12 ans.
L’agression s’est produite mercredi vers 8 h 30, alors que les élèves affluaient à la grille du groupe scolaire Anatole-France. Cette école du quartier des Minguettes, en banlieue de Lyon, accueille 247 enfants. Les deux garçons se connaissent bien, puisqu’ils sont dans la même classe. Et que le plus jeune serait victime du racket de l’autre depuis plusieurs semaines. Ce matin-là, pour s’en défendre, il aurait prévu de s’armer. Quand son camarade l’aborde, il brandit un couteau de cuisine et frappe à deux reprises, sous les yeux des autres enfants. Le blessé, grièvement touché au ventre, est transporté à l’intérieur de l’école, les pompiers sont appelés. Puis la police arrive. L’agresseur, lui, n’a pas quitté les lieux. Il est interpellé tandis que sa victime, dont le pronostic vital est engagé, est évacuée de toute urgence à l’hôpital de Bron. Son état se stabilise dans l’après-midi. Toujours hospitalisé, il s’en sort avec dix jours d’«incapacité totale de travail». Et devrait être également interrogé par les policiers au sujet de cette extorsion de fonds présumée.
Durant toute la fin de semaine, une cellule psychologique a été proposée. Michèle Picard, la maire (PCF) de Vénissieux, a fait part de sa «colère» face à ce «drame [qui] doit être un électrochoc pour la société tout entière» : «Ces deux élèves n'étaient pas spécialement connus pour des faits de violences ou de racket. Ils ont réglé les choses entre eux et la seule réponse a été la violence. Ça veut dire que la collectivité a échoué», note l'élue. […] Nous sommes de plus en plus confrontés à un climat dégradé qui rejaillit sur nos écoles.»
Michèle Picard a par ailleurs adressé une lettre à Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education nationale, lui réclamant des mesures collectives de prévention : «Tous les acteurs de la société (éducation nationale, parents, institutions, animateurs…) doivent se mobiliser contre cette violence qui touche nos enfants et les met en danger. Nous devons protéger notre jeunesse, sortir des tabous, des silences, briser l'omerta, et permettre aux enfants d'alerter, de se confier ; et de fait de se sentir en sécurité, entourés de référents responsables», écrit-elle.
Mineur de moins de 13 ans, l’auteur des coups de couteau n’encourt pas de poursuite pénale. Mais il reste responsable de son acte, reconnu comme prémédité. Si le procureur de la République n’ordonne pas de poursuites, il piochera dans l’éventail des alternatives, tel le rappel à la loi ou la médiation. Sinon, l’écolier pourrait faire l’objet de mesures et de sanctions éducatives. Les faits de racket imputés à l’agressé pèseront évidemment lourd lors de ce jugement. Qui devrait se pencher longuement sur l’environnement familial et scolaire des deux garçons.