Deux proches de Larossi Abballa, l'homme qui a tué un couple de policiers dans les Yvelines lundi, ont été mis en examen samedi soir par les juges antiterroristes et écroués dans l'enquête sur cette nouvelle attaque en France au nom du groupe Etat islamique.
Le parquet de Paris avait ouvert samedi une information judiciaire et requis la mise en examen et le placement en détention provisoire de ces deux proches de Larossi Abballa, a-t-il annoncé dans un communiqué. «A l'issue de leur garde à vue, Charaf-Din Aberouz et Saad Rajraji ont été déférés et seront présentés au magistrat instructeur [...] en vue de leur mise en examen du chef de participation à une association de malfaiteurs terroriste» criminelle, «en état de récidive légale», a indiqué le parquet de Paris.
En garde à vue depuis mardi matin, Saad Rajraji et Charaf-Din Aberouz, 27 et 29 ans, sont connus de l'antiterrorisme français. Ils avaient été condamnés avec Abballa en septembre 2013 lors du procès d'une filière d'envoi de jihadistes au Pakistan. Cinq jours après ce double assassinat de policiers, qui a ravivé la menace terroriste alors que la France accueille l'Euro de football, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire, notamment pour «assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique [...] et complicité» et «séquestration [...] d'un mineur de moins de 15 ans», en lien avec une entreprise «terroriste».
Le parquet a requis la mise en examen des deux suspects, mais pour «association de malfaiteurs terroriste» criminelle, ne retenant pas à ce stade le crime de complicité d'assassinat. Le parquet a demandé qu'ils soient placés en détention provisoire, a-t-il ajouté dans un communiqué. La garde à vue d'un troisième homme de 24 ans a été levée sans poursuite à ce stade de l'enquête.
Comprendre comment Larossi Abballa a préparé son crime
Le jour du double assassinat, sept mois jour pour jour après les attentats les plus meurtriers jamais commis en France, qui ont fait 130 morts le 13 novembre, également revendiqués par l’EI, un jeune homme converti à l’islam et radicalisé était arrêté à Carcassonne, dans l’Aude, soupçonné de préparer une attaque contre des touristes étrangers. Décrit comme fragile psychologiquement, il a été mis en examen et écroué vendredi soir.
Le principal objectif de l’information judiciaire ouverte samedi pour l’attaque de Magnanville est de tenter de comprendre comment et avec quelles éventuelles complicités Larossi Abballa, qui avait monté une petite entreprise de livraison de sandwiches halal, a pu préparer son crime. Comment a-t-il ciblé, puis repéré sa victime ? Abballa et le commissaire se connaissaient-ils à cause de précédentes affaires ? Le jihadiste était connu des services de police dans les Yvelines, où il a toujours vécu, et avait été condamné à deux reprises pour un vol et un recel, alors que Jean-Baptiste Salvaing a fait une bonne partie de sa carrière dans le département.
Quant aux deux hommes mis en examen samedi, sont-ils seulement soupçonnés d’avoir apporté une aide logistique au tueur, sans connaître son projet, ou ont-ils participé à sa préparation en connaissance de cause ?
Au procès de la filière pakistanaise, ils avaient tous deux été condamnés à cinq ans de prison et présentés comme les lieutenants du chef de ce groupe, Mohamed Niaz Abdul Raseed, un ressortissant indien. Le groupe s’était donné pour but de favoriser le recrutement en France, la formation physique et idéologique, ainsi que l’envoi au Pakistan de jeunes volontaires pour le jihad armé. Abballa jouait alors les seconds rôles et avait été condamné à trois ans de prison, dont six mois avec sursis, une peine couverte par sa détention provisoire.